Well do you want to see the world what what
Do you want to see the world what what . Elina & Quinton
   
   

Dix heure dix-sept. Putain, je savais que je n'aurai pas dû me lever ce matin. C'était encore les vacances jusqu'à preuve du contraire, pourquoi me refaire venir ici ? L'année précédente avait été des plus éprouvantes au niveau scolaire, j'avais amplement mérité ce repos. Mais non, on ne laisse jamais le pauvre Quinton tranquille, on aime le sortir de son lit pour le tirer par le caleçon et le faire s'asseoir sur les bancs de l'université. En temps normal, j'adore l'école ! Je dois d'ailleurs être l'un des rares à dire ça. Seulement c'est pêché de me forcer à venir au mois d'août. Ça y est, j'étais un étudiant de deuxième année alors l'administration se croyait tout permis. En plus la raison de ma convocation était des plus niaises, j'avais relu plus d'une fois cette foutu lettre, mais ouais, elle m'était bien adressé, mon nom écrit noir sur blanc.

"Monsieur Quinton Skylar Jarvis,
J'ai l'honneur de vous annoncer qu'en tant qu'élève de second cycle, ayant validé son année, vous accédez au statut de parrain.
Cela consiste à aider un nouvel étudiant rejoignant l'Université. Votre rôle sera de lui présenter les locaux, le familiariser avec les infrastructures, l'intégrer au réseau social de l'école. Pour les élèves étrangers il vous sera même possible de le guider à travers la ville et de l'inviter avec vous aux sorties culturelles.
Monsieur Quinton, votre filleule est Mademoiselle Elina Isalys Jay-Crawfield, élève de dix-huit ans en première année de sociologie.
Le rendez-vous est prévu le mardi 26 août à dix heures trente, soyez ponctuel.
Je compte sur vous pour aidez le plus possible votre filleule dans son intégration à l'école.
Je suis disponible pour toutes questions ou remarques.
Gardez en tête que cette action est purement bénévole et à but non lucratif.
Le directeur.

Ouais c'est bien ce que je disais, j'aurai dû me noyer sous ma couette. Si j'étais venu en Alaska c'était aussi pour être au calme merde ! Et voilà qu'on me fou dans les pattes une gamine à peine majeure. Est-ce que j'ai la tête d'une nourrice moi ? Même au pays des grizzlis je dois m'occuper des autres. Comme je comprends mes frères et sœurs maintenant. Puis pourquoi moi ? Bah ouais, faut reconnaître que je ne suis pas le mec hyper sociable par excellence. J'aime ma tranquillité et mes relations mettent du temps à se construire, mais celle-là on me l'impose de force. Bon vous me direz qu'après il n'est marqué nulle part que je dois l'amener partout avec moi. Visite de l'école, quelques conseils, plan de la ville et voilà, fini !

Dix heure vingt-cinq, que le temps est long à passer mon dieu. Je n'avais qu'une pensée en tête, filer retrouver Oliver, le pauvre n'avait pas eu le temps de sortir, il devait m'attendre. Espérons juste qu'il n'ai pas pisser dans ma chambre, j'ai horreur de devoir nettoyer ça, c'est dégueulasse. J'avais oublié à quel point les bancs pouvaient être inconfortables, je commençais sérieusement à avoir mal au cul moi. J'ai beau pester contre cette rencontre, j'avais tout de même pris le soin de me préparer pour être présentable. Une chemise blanche avec un joli col rond, mon blazer fétiche gris boutonné, accompagné d'un jean bleu marine à ourlets, le tout terminé par des baskets marrons.

J'avais l'impression que tout était en pause, que les secondes se transformaient en des heures ayant du mal à s'écouler. Dès qu'une pauvre fille avait le malheur de passer devant moi, je la fixais pensant trouver la fameuse Elina, mais que dalle. En plus elle se faisait désirer, c'était décidé, si à quarante elle n'était pas là, je partais. J'aurai très bien pu feinter une maladie, un problème, n'importe quoi pour éviter ça ... Mais malgré tout je ne suis pas un connard, je n'allais pas la laisser en plan dans ce nouveau monde. Ma tête entre mes mains, j'observais le sol, c'est incroyable le nombre de chewing-gum que l'on peut y trouver. Ma main droite hésita un instant à plonger dans ma poche gauche, celle à cigarettes. Je ne suis pas un fumeur, cependant quand une situation me stresse ou m'exaspère, il m'arrive d'en prendre une. Finalement, j'ai craqué. Je m'emparai de mon paquet de Lucky Strike et porta le graal à ma bouche, fouillant de ma main droite mon autre poche à la recherche de mon briquet. Putain, mais il est où encore celui-là ? Déserteur va.