✩ good to know you
« Tu me crois si j'te dis que j'ai peur ? » Je soupire en regardant mon père. Le premier jour de boulot à l'agence et c'est assez effrayant en fait. Au lieu d'aller à l'université, j'ai décidé d'aller travailler avec mon père. Travailler dans un agence immobilière n'avait jamais réellement fait partie de mes rêves mais au final je m'étais rendue compte que c'était un truc qui pourrait me plaire. Je n'avais que 19 ans et même si j'avais un boulot, mon envie d'habiter toute seule et de m'en sortir avait été plus forte que le reste. Être animatrice radio le soir, c'est bien, c'est même génial et je me suis fait pas mal de fric mais là, j'passe mes journées à rien faire, autant que ça me rapporte quelque chose. « Shan, tu vas t'en sortir, t'as fais ça des millions de fois et un jour tu seras à ma place. » Phrase qui me cloue le bec. Ouais j'avais bossé des centaines de fois avec mon père, j'avais fait des visites, j'avais rempli la paperasse et j'en passe mais jamais de ma vie je ne m'étais dit que je pourrais prendre sa place et tout gérer. Cependant je n'ai jamais été contre cette idée. « Oui mais le plus tard possible, d'accord ? » C'était mon premier jour et j'avais déjà l'impression de tout porter sur mes épaules, c'était effrayant. Mais pas déplaisant. Je me sentais enfin utile. « Voilà ton bureau, si tu as besoin de quoi que ce soit, j'suis de l'autre côté du couloir. » Et là, mon père m'avait laissée seule. Je posais mes affaires sur le bureau et je jetais alors un coup d’œil à la liste de mes visites. Un tas de maisons et d'appartements à aller visiter. Je pris place sur ma chaise de bureau lorsque je fut interrompue. Interrompue serait pas réellement le terme exact étant donné que j'avais laissé cette foutue porte ouverte. Ce qui m'avait intriguée plus que le reste, c'était le second bureau. J'étais seule j'avais pas besoin de deux bureaux quand même. « Qui êtes vous ? Que faites vous dans mon bureau ? » Ah, voilà, ça explique tout. Je levais les yeux de cette foutue liste. « Ta nouvelle collègue. » C'était venu tout naturellement. Mais je m'étais sentie froissée, comme légèrement agressée. « Bien, bouge ton cul alors, on a des visites. » Tout dans la joie et l'allégresse. Je me sens tellement bien accueillie mais alors là, c'est incroyable. Avez-vous déjà eu envie de frapper quelqu'un que vous veniez à peine de rencontrer ? Parce que moi, oui, c'était exactement ce que j'avais eu envie de faire à ce moment là. « Je me tuerais pas à retenir ton nom, t'es jeune, tu vas probablement en avoir marre et tu vas finir par nous quitter. La stagiaire qui est restée le plus longtemps parmi nous a tenu 2 jours et... » « Déjà, je m'appelle Shanley, je ne suis pas une stagiaire et si j'en ai l'occasion j'te pourrirais la vie juste parce que t'as bousillé ma journée. J'ai déjà travaillé ici, je sais comment ça fonctionne alors ton air arrogant, tu te le gardes, j'en ai pas besoin d'accord ? » C'était assez tendu mais bizarrement, j'adorais mon premier jour. On était dans le couloir lorsque mon père avait débarqué de nulle part. Lui, quand il s'y met, il est assez effrayant j'avoue. Mais c'est mon père après tout. Tel père, telle fille. « T'avais oublié ton sac dans la voiture. » Quelle étourdie. Je récupère mon sac alors que je me suis même pas rendue compte que je ne l'avait pas. Ça, faut le faire. Mais alors là, bravo, génial. « Je veux même pas savoir pourquoi t'as oublié ton sac dans sa voiture. » Dès qu'il ouvre la bouche celui là, c'est pour tout gâcher. « Je t'arrête tout de suite, arrête de penser, ton cerveau risque d'exploser. C'est mon père. » ça m'avait manqué de voir la gueule des gens se décomposer lorsque je leur annonçait que j'étais ''la fille du boss''. Hilarant. Et sa tête à lui valait le détour. « Oh. Alors c'est toi la petite Hemmings, bah dis moi, t'as vachement changé sur 6 ans. » « Fais pas comme si tu me connaissais, bouge ton cul, on a des visites. »

« Callahan, mais tu fous quoi dans mon divan sérieux ? » Il était trois heures du matin et j'avais été réveillée par un bruit dont je ne connaissais pas l'origine. Mais une fois arrivée dans mon divan, j'avais compris. « J'ai besoin de sommeil, laisse moi dormir. » Je soupirais et j'enlevais l'oreiller de sous sa tête. « Pas tant que tu me diras pas pourquoi t'es dans mon divan. » « Ok, j'ai trouvé ta clé sous le paillasson et j'suis rentré dormir, ça te va ? » Oh putain. Je laisse tomber pour ce soir. Je retourne me coucher.
Je me suis réveillée vers 7 heures du matin, étrange pour un samedi d'ailleurs. J'ai filé dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner en tachant de faire un maximum de bruit pour réveiller le pacha qui squatte mon divan sans mon autorisation. J'ai allumé la radio aussi et j'ai chanté, j'ai fait tomber une casserole aussi. Bizarrement, rien ne l'a réveillé avant que je ne tombe dans la baignore. Ce qui, évidemment, n'était pas fait exprès. « Putain, bordel de merde. Saleté de baignore, saleté de salle de bain, saleté d'appartement. » Et qui va choper des bleus ? C'est moi, évidemment. J'l'ai vu arriver en courant. « Tout vas bien Hemmings ? Merci de m'avoir réveillée. » Oh le batard. Il vient me dire que je l'ai réveillé mais il vient pas me demander si j'viens bien. J'attrape un essui que je passe autour de moi après m'être relevée et j’entre-trouve légèrement le rideau de la baignoire. « Tu te casses. Tu te casses de chez moi tout de suite. J'veux plus voir ta tronche. » J'ai soupiré et je lui envoyé la bouteille de shampoing à la tête. Quel abruti franchement. Il est parti. Sauf que, en sortant de la salle de bain, environ une bonne heure après, il était encore sur mon canapé. J'suis passée, j'ai attrapé un cousin et je l'ai frappé avec. « Pourquoi tu met pas ton adresse ici tant qu'on y est ? » Il m'a regardé et m'a renvoyé le coussin à la gueule. « Bonne idée, tiens. » Et là, je l'ai fusillé du regard. Si on s'est pas disputé environ dix fois par jour depuis qu'on se connaît, alors on ne s'est jamais disputé. Limite, on pourrait se taper sur la gueule, ce serait normal.

partie deux ici à venir