elle n'a jamais vraiment connu son père, il est parti quand elle avait trois ans elle a été interné pendant deux dans un hôpital psychiatrique (de 16 à 18 ans) car elle se sacrifiait plus jeune elle était la tête de turc de son école à cause de son poids trop imposant elle a prit une année sabbatique pour se remettre en forme et rattraper son retard à l'école elle n'est jamais sortie avec de garçons et donc est toujours vierge elle n'est toujours pas à l'aise avec son corps, elle n'aime pas se mettre en maillot de bain ou se regarder dans un miroir elle a commencé à être boulimique mais elle ne l'a dit à personne elle a fait croire à sa meilleure amie qu'elle était partie deux ans en Espagne car elle avait honte de se faire traiter de folle ou autre chose elle n'est pas du tout proche avec sa mère, elles se disputent tout le temps depuis qu'elle traine avec son nouveau groupe d'amis elle s'est mise à boire quand elle est anxieuse ou nerveuse elle grignote et après elle se fait vomir elle n'aime pas manger devant les gens, de peur de trop se goinfrer elle voit un psychologue elle adore le skate c'est une fan de musique, surtout l'ancienne du genre les beattles, rolling stone, nirvana et etc elle a peur du jugement des autres c'est quelqu'un qui a du mal à parler ou exprimer ses sentiments, du coup elle cache toute sa souffrance derrière un sourire.

que pensez-vous de la légende? y croyez-vous? la malédiction ? bien sur j'en ai entendu parler, mais elle ne m'a jamais percuté. disons que je m'en fiche complétement, qu'elle existe ou pas, j'ai assez de problèmes dans ma vie. puis je roule pas sur l'amour donc ça m'importe. mais peut-être qu'elle existe. je sais pas... quand je regarde ma mère et mon père, ça n'a pas duré. m'enfin elle s'est retrouvée un petit ami donc espérons que ça tienne et que cette malédiction n'existe pas. parlez-nous de votre vie sentimentale, de manière générale. un désastre. je ne suis jamais sortie avec personne. jeune, j'étais grosse, en surpoids et moche. les garçons se moquaient de moi constamment donc non, il n'y a rien eu. et aujourd'hui j'ai toujours peur de leurs regards sur moi. j'ai cette impression qu'ils me critiquent tous. un peu paranoïaque ? peut-être. m'enfin ma vie sentimentale ou sexuelle est vide. êtes-vous plus du genre fétard ou flemmard? les deux enfaite. j'aime ne rien faire, rester dans mon lit à écrire dans mon journal intime, écouter de la musique ou regarder la télé. ce sont des beaux jours, mais ils me rappellent trop mon ancienne vie, celle ou j'étais grosse. et puis je suis quand même fêtarde. j'aime sortir avec mes amis, faire la fête, rencontrer des nouvelles personnes. voir des couples heureux, ça vous fait quoi? ça me met en colère, ça me rend mal. j'ai l'impression de revenir en arrière. je me dis que je vivrais jamais ça, que je ne suis pas parfaite. d'un côté c'est un rêve que je veux réaliser, mais d'un autre côté... c'est un cauchemar de voir des gens aussi heureux. pensez-vous que la malédiction à joué sur votre vie sentimentale? pas du tout. elle a rien avoir avec. j'ai été grosse point. aucun mec n'a jamais voulu de moi. et la malédiction n'a pas contribué. en plus je suis jamais sortie avec un mec alors elle aurait pas pu fonctionner.

✩ good to know you
big fat girl
je cours, encore et encore. l'air commence à manquer et je me sens faiblir de plus en plus. pourtant c'est mon quotidien. les moqueries, les farces de mauvais goûts. tout ça c'est ma vie maintenant. mais qu'est-ce que j'y peux ? j'aime manger, j'aime me goinfrer de chips et de bonbons. j'aime ces putains de trucs qui font grossir. mais personne n'arrive à le comprendre. m'a mère me gronde toujours car j'ai grignoté quelque chose alors que ce n'était pas l'heure du repas. ma meilleure amie allyson, la parfaite fille du collègue qui est mince et belle, commence à me tourner le dos. elle me dit que je dois changer, de faire du sport ou de commencer un régime vu que c'est à la mode. mais moi j'en ai rien à faire. je n'aime pas le sport, et pourquoi faire un régime alors que j'adore manger ? personne ne me comprend. la nourriture est mon péché mignon, un péché oui car j'en souffre à cause des conséquences. je suis grosse et moche, personne ne veut de moi. les gens aiment me rabaisser car ça leur fait plaisir. ils peuvent ainsi se rassurer en se disant qu'ils sont mieux que moi. au fond ils ont raison, mais tout ça me blesse. les voir me regarder de cette façon, comme si j'étais un monstre ou un alien. même mon docteur me dit que je suis grosse. c'est affreux de savoir que tout le monde vous voit ainsi. je suis une bombe à retardement. une très grosse bombe. "hé leondra ! inutile de courir, t'as pas la forme pour ça, tu t'épuises plus qu'autre chose." je me retourne et les voit tous derrière moi avec leur nourriture. des chips, des tomates, des hots dogs, des trucs bien gras que tout le monde aiment me voir manger. c'est pour ça que je déteste manger devant tout le monde. les gens vous regardent comme si vous étiez entrain de manger votre merde. si je mange de la salade, ils vont dire 'ah tiens, c'est pas en mangeant de la salade qu'elle pèse autant' et si je mange normalement ou de la mal-bouffe ils vont se dire 'c'est pas en mangeant ça qu'elle va maigrir', dans tout les cas je suis critiquée et rabaissée. je cours encore, mais je sens mes jambes faiblir. j'en peux plus. la course se finit quand je m'écroule contre le mur à bout de souffle. ils ricanent tous en me rejoignant rapidement. "bah alors fati boum boum ? on est fatigué ?" à cette remarque ils rigolent tous et moi je prie pour ne pas craquer. après ça ils balancent toute leurs bouffes sur moi. "non non ! arrêtez s'il vous plait !" ils continuent, encore et encore. puis arrive la directrice, elle les renvoie tous et m'aide à me relever. de toute façon ils recommenceront demain, puis après demain. encore et encore.

like a crazy horse
tiens aujourd'hui ils ont servit du pudding. je prends la petite barquette et je la dépose sur mon plateau. éléanor est derrière moi, elle me regarde et me sourie. cela fait un an que je suis ici, un an et quelques mois que je suis chez les fous. mais allez pas croire que je suis devenue schizophrène ou quoi que ce soit. j'ai juste eu un petit problème. ok un gros. j'en avais eu tellement marre de toutes ces moqueries que j'ai essayé de me tailler les veines. manque de bol, ma mission suicide m'a juste conduit à l'hôpital puis chez les fous. et encore si seulement ça avait la première fois, j'aurais juste eu le droit de voir un psy. mais non, ils ont découvert mes autres cicatrices alors je suis devenue un danger pour moi-même. maintenant je suis là, dans un hôpital psychiatrique. éléanor est en quelque sorte ma meilleure amie. elle elle a été violé par deux mecs d'une classe plus haute qu'elle et elle a disons pété un câble. elle n'aime pas manger non plus, chose que je ne comprends pas. mais bizarrement elle arrive à manger avec moi et je suis la seule à pouvoir la "toucher". on est comme deux soeurs, on se comprend. dans la queue j'avance et prends le reste des choses qu'ils proposent. et oui je suis toujours grosse et mal dans ma peau. mais éléanor arrive à me faire penser à autre chose et moi pareil. on est l'antidote de l'autre. pourtant je sais bien que je vais devoir sortir. je m'installe à notre table ou lucas s'y trouve déjà. il est cool ce mec, un peu bizarre mais cool. il me semble qu'il a le syndrome de peter pan et des crises de paniques. bref je lui ai pas posé la question car il est assez sensible. mais il est drôle et il ne nous juge pas. c'est le plus important. éléanor nous rejoint et nous abordons ce fameux sujet. "alors leo... tu sors dans quatre mois c'est ça ?" lucas me regarde avec sa petite bouille d'ange et ses dents de travers. je soupire et prends une bouchée de mes pâtes. éléanor regarde son assiette, je sais qu'elle n'aime pas ce sujet. elle en a encore pour un an elle au moins, son état s'est aggravé, du moins sa santé. tout ce qu'elle le mange, elle doit le dépenser après. sauf qu'elle se dépense trop et mange trop peu. je lui en ai déjà parlé mais elle n'arrive pas à changer. "oui c'est ça lucas, je sors bientôt... mais on a encore beaucoup de temps à passer ensemble." je lui sourie et attrape sa main ainsi que celle d'éléanor. je veux pas qu'elle pense que je l'abandonne, car si je pouvais je resterais ici. parce qu'ici... personne ne vous juge. ils savent tous qu'ils sont pas mieux que les autres alors ils se taisent et ne pensent pas. chacun à son problème ici et il s'occupe du sien, non de l'autre. éléanor me sourie et nous continuons à manger et parler, évitant de parler de ma sortie.

new begin for a new life
bridal veil island. home sweet home. c'est fait je suis sortie depuis déjà deux mois. étant donné que j'ai fais une crise d'angoisse en sortant de l'hôpital, on a décidé avec ma mère que j'allais suivre les cours à la maison. c'est un peu cher, mais elle ne veut pas que je revienne chez les fous ou que je me fasse humilier encore une fois. et puis j'ai prit la résolution de maigrir, et oui, pour de bon cette fois. d'ailleurs mon nouveau beau-père, enfin il l'est pas encore, mais voyant ma mère elle va bientôt l’amener à l'autel, m'aide à m'entrainer. il est en quelque sorte devenu mon coach sportif. apparemment il était professeur de sport en algérie alors ma mère en a profité pour lui demander de me faire faire du sport. un truc que j'apprécie pas forcément. mais en deux mois j'ai perdu six kilos donc je suis plutôt optimiste et je continue. mon psy me dit qu'il faut que je continue ainsi. que peut-être je réussirais enfin à m'accepter, moi et mon corps. mais j'ai encore un long chemin à parcourir. puis il faudrait que je recontacte allyson. ma mère m'a dit qu'elle avait essayé d'appeler à la maison et du coup ma mère a prétexté que j'étais partie en Espagne pour apprendre la langue. merci maman, j'avais un mensonge de plus sur le dos. mais bon, c'est vrai que je me voyais mal dire à miss parfaite que j'étais allée chez les fous après avoir essayé d'en finir avec moi. elle m'aurait prise pour une folle, même si c'est que je suis. de toute façon je sortirais de la maison que quand je serais mince, aussi mince que allyson ou éléanor. cette fois c'est décidée. je ne veux plus souffrir de nouveau.