La mort d'Aton, aussi lointaine était-elle, avait perturbé la belle égyptienne, qu'elle le veuille ou non. Plus elle grandissait, plus la peur de l'engagement la prenait à la gorge. C'est pourquoi elle préférait les relations courtes, voir volages. Au cours de son adolescence, cette manière de penser ne choquait personne : elle était belle, elle était adorable, elle était jeune. Le fait qu'elle enchaîne les petits amis comme des petits pains ne surprenait personne. Pourtant, il ne s'agissait là que d'une manière de ne pas affronter la réalité. Une véritable enfant, alors qu'elle avait déjà seize ans. Mais peu importe. Dissipée, imprévisible, instable, joyeuse, la belle égyptienne prenait tout à la légère. Elle dansait, riait, taquinait à tout bout de champ. Pour elle, c'était ça, la vie. Elle en demeurait un rayon de soleil des plus exquis. N'oublions pas qu'un soleil est beau, lumineux, éclatant. Il brûle, il consume, il fait des victimes. Cléopâtre en faisant des dizaines. Rares étaient les égyptiens qui ne craquaient pas pour ce peter pan aux allures de reine d'Egypte. Nated ne fut pas une exception. Deux ans de plus que la belle, une allure de playboy au teint basané, un regard ténébreux, bref, l'alliance parfaite. Le couple était aussi passionnant que passionné. Ce fut sa première relation sérieuse. Elle avait alors seize ans et demie. Peut-être était ce trop jeune encore, penseriez vous. Mais l'amour n'a pas d'âge. Quant à Cléopâtre, elle avait tout d'une femme, mentalement comme physiquement. Ils demeuraient le couple le plus envié de la ville. Tout le monde pariaient sur la date de leur mariage, le prénom de leur premier enfant. Les mois passèrent, la flamme continuait à vaciller, éclairant les yeux des envieux. Le jour de ses dix-sept ans, les parents de la belle égyptienne lui firent le plus beau cadeau, celui qu'elle attendait depuis des mois, si ce n'était des années : l'opportunité de suivre des cours de théâtre en Angleterre. La comédie était la principale passion de la jeune femme. Mais par "comédie", j'entends la pure, la vraie. Elle n'aimait pas réellement le cinéma, non. Elle, elle aimait le théâtre. Les pièces grecques, les pièces françaises, les pièces anglaises. Racine, Molière, et j'en passe. Le tragique, le pur, le vrai, le déchirant. Elle aimait tant ces drames, les grands gestes, les tirades sanglantes. Toute cette folie créative qui la caractérisait chaque jour que dieu faisait. Elle rêvait de participer aux cours de comédie d'une petite école située au sud de l'Angleterre. Et voilà que ses parents lui offraient cette possibilité en lui offrant pour son dix-septième anniversaire un billet d'avion allé/retour pour Londres. Un séjour comptant quatre jours et trois nuits, durant lequel Nated accompagna sa dulcinée. Fort heureusement, Cléopâtre avait toujours été une excellente élève, en particuliers dans le domaine des langues vivantes, y compris l'anglais. C'est pourquoi elle n'attendait qu'une seule chose : l'audition dont elle rêvait. Elle savait qu'on ne pouvait être sélectionné comme ça, uniquement en se présentant. Il fallait être retenu par le professeur, pour intégrer l'école, et faire partie de sa troupe pour les deux ans à venir. Si elle venait à être sélectionnée, Cléopâtre devrait quitter l'Egypte durant ces dix-huit mois, elle en avait pleinement conscience. Mais passionnée comme elle l'était, cela n'avait plus aucune importance. Elle n'attendait plus qu'une chose : le lendemain. Fameux jour où elle devait se rendre à l'école, où elle rencontrerait un des cinq professeurs cherchant leur nouvelle troupe. Quel professeur ? Son numéro d'inscription sur internet a choisi pour elle. Il s'agirait d'Allan Barrett Hodgson. Forcément, un homme qu'elle ne connaissait pas, ni de nom ni de réputation. Il s'agissait d'un homme excentrique, extrêmement talentueux, passionné par son métier, et tout particulièrement charismatique. Et ça, elle n'allait pas tarder à le découvrir. En moins de vingt-quatre heures, elle se retrouva donc entourée d'autres jeunes gens qui voulaient tenter leur chance, dans une salle aux teintures bordeaux. Une vingtaine de minutes d'attente lui permirent d'observer les autres participants. Sûrement était-elle la plus jeune. La plupart devait avoir entre 23 et 28 ans. Certains plus. Deux ou trois devaient avoir la petite vingtaine. Mais visiblement, au vu du physique des autres personnes, Cléopâtre devait être la seule à avoir moins de vingt ans. Cela ne la démotiva pas pour autant. Elle était sereine, calme. Et c'est là qu'il est arrivé. Un mètre quatre-vingt cinq de charisme, un regard intriguant, une présence indéniable. Une beauté rare, mais subtile. Secrète. Un homme de la trentaine. Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, ni même comment, elle ne parvenait pas à détacher ses yeux du professeur qui venait de faire son entrée. Quant à lui, il lui jetai également des coups d'oeil à la dérobée. Il s'adressait à l'ensemble des participants, et pourtant, dans cette pièce, il ne voyait que cette demoiselle qui dégageait un petit quelque chose de spécial. Elle était belle, très très belle, certes, mais il n'y avait pas que cela. Professionnellement, il poursuivit, et les fit auditionner. Seul, à deux, à plusieurs. De l'improvisation, un texte au choix, un texte imposé, tout y était. Pour finir, il demanda à Cléopâtre et Jeremiah, un jeune homme de vingt-quatre ans, de jouer Thésée et Phèdre, de la pièce de Racine. La scène ultime, le suicide de Phèdre. Durant le jeu de Cléopâtre, un silence de mort régnait. Sans qu'elle le réalise, toute la salle était accrochée à ses lèvres. Tellement sûre d'elle, telle belle, telle dramatique. Tellement talentueuse qu'elle ne jouait pas Phèdre : elle était Phèdre :
Les moments me sont chers, écoutez−moi, Thésée. C'est moi qui sur ce fils chaste et respectueux, Osai jeter un oeil profane, incestueux. Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste, La détestable Oenone a conduit tout le reste. Elle a craint qu'Hippolyte, instruit de ma fureur, ne découvrît un feu qui lui faisait horreur. La perfide, abusant de ma faiblesse extrême, s'est hâtée à vos yeux de l'accuser lui−même. Elle s'en est punie, et fuyant mon courroux, a cherché dans les flots un supplice trop doux. Le fer aurait déjà tranché ma destinée, mais je laissais gémir la vertu soupçonnée. J'ai voulu, devant vous exposant mes remords, par un chemin plus lent descendre chez les morts. J'ai pris, j'ai fait couler dans mes brûlantes veines, un poison que Médée apporta dans Athènes. Déjà jusqu'à mon coeur le venin parvenu, dans ce coeur expirant jette un froid inconnu, déjà je ne vois plus qu'à travers un nuage. Et le ciel et l'époux que ma présence outrage, et la mort, à mes yeux dérobant la clarté, rend au jour qu'ils souillaient toute sa pureté. A la fin de la tirade, encore habitée par son personnage et par l'intensité de la longue réplique qu'elle venait de donner, Cléopatre - légèrement essoufflée - se tourna, en même temps que Jeremiah, vers le professeur. Et c'est là qu'elle remarqua qu'Allan n'avait de yeux que pour elle. Il la regardait comme jamais il n'avait regardé une femme ou une élève de toute sa vie, et jamais elle n'avait été regardé ainsi. Seulement une heure après leur rencontre, il était déjà sous son charme. Le sortilège avait opéré.
Allan avait un choix à faire. Parmi ces vingt-neuf volontaires, il ne pouvait en sélectionner que douze seulement, grand maximum. Un choix qui n'avait jamais été difficile à faire pour lui. Il faisait ce métier depuis plus de dix ans, il savait reconnaître les talents, il savait ce qu'il voulait. Les choses lui paraissaient toujours de manière évidente, il était doué pour ça. Cette année, quelque chose avait changé. Il connaissait l'identité des douze futurs chanceux, nul doute là-dessus. Ce qui avait changé, c'est qu'il avait été pris de cours. Il ne pensait plus qu'à elle, elle s’appelait Cléopâtre si sa mémoire était bonne. En même temps, comment oublier un tel prénom. Ou plus simplement, comment oublier une telle fille, un tel talent. Il ne savait plus où il en était : était-il en train de craquer pour l'artiste seulement, ou aussi pour les beaux yeux de cette étrangère ? Elle avait un talent fou, un charisme particuliers, elle était devenue sa muse en seulement une heure. Ça, il ne pouvait le nier. En revanche, pour ce qui était du reste, il ne parvenait pas à assumer quoi que ce soit. Il préféra donc se concentrer sur son rôle de professeur, partant du principe qu'elle était la première sélectionnée, et il forma sa troupe. Il préférait se voiler la face, et se contenter de se délecter du plaisir que cela lui procurait. Le fait d'être enfin animé par une muse, découverte à trente deux ans seulement.
...
Les résultats avaient été transmis cinq jours plus tard. Folle de joie, Cléopâtre se décida à s'installer en Angleterre pour poursuivre sa formation théâtrale. Son petit ami, ayant quitté le lycée récemment, se décida à l'accompagner pour suivre des études à la faculté de Londres. Malgré cet émoi, ce nouveau départ, et ces bonnes nouvelles, Cléopâtre n'en restait pas moins troublée. Troublée par l'admiration qu'elle portait à son nouveau professeur, une admiration sans limite qu'elle n'arrivait pas à définir. Sans raison, elle se sentait gênée vis à vis de son petit ami. Pourquoi donc ? Il n'y avait aucune raison à cela. Il s'agissait de son professeur de plus de trente ans, il lui enseignerait le théâtre, il n'y avait rien de malsain à cela. Même son petit ami, connu pour sa jalousie maladive, était heureux pour elle et n'y voyait aucune menace. Sauf que lui, il n'avait pas été là ce jour là. Il n'avait pas senti les regards entre professeur et élève. En attendant, les deux concernés firent l'autruche, et s'adonnèrent à leur passion : le théâtre. Les cours s’enchaînaient, deux à trois fois par semaine. Allan et Cléopâtre étaient de plus en plus bluffés par le talent et le charisme de l'un et de l'autre. Les répétitions étaient devenues un rituel. Ils apprenaient à se connaître, à se dompter, tout comme les onze autres comédiens. Beaucoup de travail, beaucoup de mémorisation, beaucoup de scènes et de pièces différentes. Ils travaillaient jusqu'à tard le soir, et Allan était un professeur très pointilleux. C'était une ambiance de travail agréable. Une fois tous les quinze jours, Allan aimait donner des cours spéciaux, c'est à dire un cours pour chaque élève. Un élève uniquement. Pour parler de ses forces, de ses faiblesses, de son évolution. Des points qu'il avait besoin de travailler pour progresser. Une manière, pour le professeur, de suivre chacun de ses comédiens avec attention. Durant les "cours personnels" de la belle égyptienne, Allan n'avait aucun reproche à lui faire. Il faisait tout pour être objectif, mais d'après lui, il l'était totalement. Et d'un point de vue objectif, elle était parfaite. Durant ces petits rendez vous, il en profitait donc pour lui donner la réplique, jouissant à l'idée de retrouver sa muse pour partager le goût du théâtre tel qu'il le voyait. Le troisième rendez vous personnel de Cléopâtre devait se baser sur le travail d'une scène de "Cyrano de Bergerac", une pièce d'Edmond Rostand. Il s'agissait d'un garçon intelligent, cultivé, un artiste sensible qui tomba amoureux de celle qu'il considère comme la femme de sa vie : la précieuse Roxane. Mais de peur de ne pas convenir à ses critères physiques, il se cacha derrière l'apparence d'un jeune homme au physique avantageux, lui soufflant ce qu'il avait à lui dire pour la séduire. A la fin, la jolie jeune femme découvre le pot aux roses, et avoue au jeune homme qu'elle l'aimait pour ce qu'il était, et qu'elle l'aurait aimé tout autant s'il s'était présenté tel qu'il était. Malheureusement, durant cette déclaration, Cyrano meurt dans les bras de sa belle. C'est dans la pénombre d'un jeudi soir, fin octobre, seuls dans la salle, que les deux passionnés se donnaient la réplique, jouant corps et âme la scène finale. Cléopâtre, intensément, affirma : "
Et pendant quatorze ans, il a joué ce rôle d'être le vieil ami qui vient pour être drôle ! C'était donc vous ! " ce à quoi le professeur répondit violemment, dans un élan de déni total : "
non, Roxane, non ! " mais tout paraissait clair aux yeux de Roxane. C'est dans une révélation puissante, émouvante, déchirante, que Cléopâtre fixa son jeu : "
J'aurais dû deviner quand il disait mon nom ! " elle aurait du le deviner avant, c'était une évidence. Mais l'homme s'entêta : "
Non ! ce n'était pas moi ! " la belle insista, et rétorqua, presque en hurlant : "
C'était vous ! " ce à quoi le bel homme répondit : "
Non. Je vous jure... " marchant à travers la salle, catastrophée, les mains sur la tête, Cléopâtre se retourna brusquement vers son professeur : "
J'aperçois toute la généreuse imposture ... Les lettres, cette poésie, c'était vous... Les mots chers, aimants et fous, c'était vous... La voix dans la nuit, c'était vous ... " sa voix se faisait passionnante, tout fut une évidence. Elle l'observait, en attente d'une réponse : "
Non ! " elle s'approcha alors d'un pas : "
L'âme, c'était la vôtre ! " il mentit à nouveau : "
C'était l'autre ! " Elle fit à nouveau un pas. Le regardant droit dans les yeux, elle suivit à nouveau le texte en essayant de pousser Cyrano à dire la vérité, toute la vérité, mais en utilisant une nouvelle tactique : "
Vous ne m'aimez pas ? " sauf que cette phrase fut puissante. Autant dans le jeu, qu'en dehors. Les deux se regardèrent, et l'espace d'un instant, il ne s'agissait plus de Cyrano e Roxane, mais bel et bien d'Allan et Cléopâtre, et ce changement, tous les deux le sentirent. A croire que le texte rejoignait la vérité, et la discussion en venait à ce qui se passait réellement. Les paroles étaient plus sincères, plus vivantes, et l'atmosphère palpable. Ils continuèrent pourtant à jouer, mêlant théâtre et réalité dans une connexion qui leur était propre. Allan/Cyrano fixait la belle demoiselle, et, d'une voix qui faiblit, prononça un "
Non ... " peu assuré. Roxane/Cléopâtre se jeta sur cette hésitation : "
Déjà vous le dites plus bas ! " c'est alors qu'Allan s'approcha d'elle pour la première fois : "
Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas " avait-il prononcé de manière langoureuse, la voix plus basse, tout en continuant sa route. Il s'arrêta, face à elle, à quelques centimètres, ne pouvant pas aller plus près. Ne quittant pas son regard, Cléopâtre se risqua à faire le tout petit, dernier, pas que l'espace lui permit de faire. Yeux dans les yeux, trois centimètres les séparaient. Elle demanda alors, presque en chuchotant : "
N'aimez vous donc pas votre 'votre amour' ? ". Allan, de toute sa hauteur, ne voyait plus qu'elle. Ses longs cheveux bruns, son regard captivant, ses yeux en amende. Il en oublia son texte. Ou du moins, préféra l'oublier. Durant quelques instants au moins. Parce qu'à cet instant précis, il n'y avait plus de Cyrano, plus de Roxane. Seulement Cléopâtre et Allan. Seulement un professeur, et son élève. Un homme de trente deux ans, et une élève de dix-sept. Mais ça, à cet instant précis, il s'en fichait. Le texte lui disait de continuer à nier, continuer à jouer le personnage qui cachait ses sentiments pour la belle Roxane. Mais possédée par une frénésie incontrôlable, une pulsion des plus sincères, il chuchota passionnément, simplement : "
Oui, je vous aime. " Sa main droite se faufila sur la joue droite de la belle égyptienne, il rapprocha son visage du sien et l'embrassa avec ferveur. Emportés par leur baiser, ils s'embrassèrent avec passion durant un long moment, cédant enfin tous les deux à ce qu'ils ressentaient depuis le début. Les mains d'Allan s'accrochèrent aux cheveux bruns de la belle, tandis que les mains de cette dernière agrippait ardemment au cou de son professeur. Au bout d'un long moment, ils se détachèrent - presque à contre-cœur - et ne se quittèrent plus du regard. Longues secondes de silence. Que dire après cela ? inutile de se cacher derrière la nécessité de respecter le théâtre et les conditions de la pièce : la scène du baiser ne se trouvait nul part. Réalisant qu'Allan venait de lui dire qu'il l'aimait alors que cette phrase ne faisait pas partie de la scène, Cléopâtre voulu répondre de même. Ironie du sort, la suite de la scène trouvait la réplique qui correspondait à celle qu'elle avait envie de dire à cet instant précis : je t'aime aussi. Pour lui faire comprendre cela, elle souria, telle une enfant, et passa une main dans les cheveux de son professeur : "
Je vous aime, vivez ! " elle trouvait la situation poétique, amusante. Cette manière qu'avait la réalité de se confondre avec les répliques de leur scène au bon moment. Et puis, c'était aussi une manière d'éviter de parler du baiser qu'ils venaient d'échanger. Une manière, également, de faire comprendre leur sentiment, et l'intérêt qu'ils portaient l'un pour l'autre depuis le début. Et ce malgré leur différence d'âge, malgré le lien d'autorité qui régissait leur relation à la base. Malgré leur différence culturelle. C'était une manière poétique d'englober tout ça. Une manière poétique, sensible, puissante, charismatique, passionnée, sincère, douce et complexe. Cela correspondait parfaitement à leur histoire, à la nature de leur relation. Amusé, Allan reprit son rôle, véritable professionnel qu'il était, tout en gardant cette petite flamme dans les yeux, tout en la regardant. Car oui, il avait bien saisi le message : elle l'aimait aussi. Durant une demie seconde, il avait même souri. "
Non, pitié ! car c'est dans le conte que lorsqu'on dit : Je t'aime ! au prince plein de honte, il sent sa laideur fondre à ces mots de soleil... Mais tu t'apercevrais que je reste pareil. " décidément, cette pièce était-elle fait pour eux ? La première fois, il lui avait fait jouer le rôle d'une femme aimant un homme beaucoup plus jeune qu'elle. A présent, après s'être embrassés dans une salle à l'abris des regards, un soir, il jouait le rôle d'un homme éperdument amoureux, qui avait peur que le charme se rompt si la réalité reprenait son cours. Cyrano redeviendrait laid et rejet de la société. Allan redeviendrait le professeur trop âgé pour elle. Malgré ses observations personnelles, il continuait à jouer le rôle. Il le jouait même à la perfection. "
J'ai fait votre malheur ! moi ! " reprenait la jeune égyptienne. Secouant la tête, aussi terrorisé par cette idée que l'était son personnage, Allan s'approcha de la demoiselle, glissant ses mains sur ses joues pour encadrer son visage : "
Vous ?... au contraire ! J'ignorais la douceur féminine. Ma mère ne m'a pas trouvé beau. Je n'ai pas eu de soeur. Plus tard, j'ai redouté l'amante à l'oeil moqueur. Je vous dois d'avoir eu, tout au moins, une amie. Grâce à vous une robe a passé dans ma vie. " Tout cela avait un sens. Un réel sens. Bien sûr qu'il en avait connu, des femmes. Bien sûr qu'il avait déjà eu des histoires. Mais jamais il n'avait regardé de femmes comme il l'avait regardé elle. Mais avec elle, c'était différent. Au-dessus. Jamais il ne s'était senti habité de cette manière. A trente-deux ans, il découvrit la passion la plus réelle, la plus sincère. Il se sentait presque coupable, honteux, de ressentir un sentiment si puissant pour une fille aussi jeune. "
Je vois. " cette réplique signifiait que Cyrano voyait la lune, voyait le ciel, et qu'il allait bientôt mourir. Il simula la mort, tandis que Cléopâtre le tenait dans ses bras, anxieuse à l'idée qu'il s'agissait là - déjà - de la fin de scène et que la réalité allait les rattraper. A croire qu'ils étaient tous les deux plus doués dans la comédie, à exprimer leurs sentiments derrière de faux semblants, pour éviter les peurs qui suivaient naturellement. "
Je n'aimais qu'un seul être et je le perds deux fois ! " Fin. Comme dit l'expression, "tombée du rideau". Et après ?
L'après fut plus compliqué. Ils l'avaient tous les deux envisagé, c'est pourquoi ils tentèrent d'aller au-delà de leurs sentiments. Les ignorer, en quelques sortes. Se bercer de fausses illusions en prétendant que ce n'était qu'un coup de folie, et que ça allait passer. Sauf que rien n'est passé. Les cours devenaient difficiles, tout était calculé. Le moindre touché pouvait provoquer une gêne. Alors qu'Allan était connu pour son professionnalisme et son excentricité. Dans le cadre de son cours, il se permettait tout et n'importe quoi, sans gêne. Avec Cléopâtre, ce n'était pas pareil. Par peur de flancher, par peur d'apprécier. Il était tellement dans le contrôle qu'il en venait à se demander s'il était bon professeur pour elle. Quant à la belle égyptienne, elle se sentait tout bonnement ridicule, à devoir prendre sur elle pour ne rien laisser paraître, pour oublier l'admiration qu'elle avait pour lui. Le plus difficile était de distiller les deux. En effet, avant de se séduire l'un l'autre, il ne faut pas oublier qu'il s'agissait là avant tout d'un énorme coup de cœur artistique. Cléopâtre était bourrée de talent, elle était la muse d'Allan. Ce dernier était, quant à lui, le meilleur professeur au monde, d'après elle. Charismatique, talentueux et incroyablement bon acteur. Ce coup de cœur artistique les aida à avancer, plaçant leur lien "professionnel" au dessus de tout. Mais le théâtre est un domaine passionnel, émotif, où aucune garantie n'est permise. Et leurs sentiments les rattrapèrent. Ils ne pouvaient pas se permettre d'annuler leurs "cours spéciaux", et ce pour deux raisons. Tout d'abord, ils ne laisseraient pas cette histoire empiéter sur le théâtre et sur le bon déroulement des cours, que ce soient les cours collectifs ou individuels. Et deuxièmement, cette attitude serait trop suspecte. Chacun de leur côté, sans s'être concerté, avait déjà peur du regard des autres et de ce qu'ils pouvaient penser. S'étaient-ils aperçus de quelque chose ? Pensaient-ils qu'il se passait quelque chose entre eux ? Jugeaient-ils que la belle avait droit à un traitement de faveurs ? En réalité, il ne s'agissait pas de cela. Les autres comédiens avaient remarqué l'intérêt que portait le professeur à Cléopâtre, certes, mais pour eux il ne s'agissait que d'un intérêt artistique, c'était évident. La petite chouchoute du professeur. Après tout, il en fallait bien une. Dans la mesure où tous s'accordaient pour dire que la belle égyptienne avait du talent, c'est pourquoi ils ne s'indignaient pas de ce petit traitement de faveur, ils n'en voulaient ni à l'un ni à l'autre et les cours se déroulaient toujours dans la bonne humeur, une ambiance saine, au service de leur passion commune à tous. Donc Cléopâtre, juste une chouchoute, et voila. Mais c'était tellement plus que cela. Les deux victimes s'en sont vite rendu compte. En effet, le premier mercredi du mois de décembre, Cléopâtre se rendit à son cours individuel, la boule au ventre à l'idée d'être confrontée - une nouvelle fois - à Allan, seul. Ce dernier lui avait préparé une scène de Roméo et Juliette. Qu'il était difficile de garder ces distances quand toutes les pièces de théâtre parlent, de près ou de loin, d'amour ... Néanmoins, pleine de bonne volonté, la jolie brune donna le meilleur d'elle-même pour lui donner la réplique. En parfaite Juliette, elle brûlait d'amour pour son Roméo. Sauf que quelque chose la déstabilisait : Allan assis, près d'elle, la fixant si intensément qu'elle avait du mal à incarner le personnage : "
Les messagers d'amour devraient être des pensées, plus promptes dix fois que les rayons du soleil, qui dissipent l'ombre au-dessus des collines nébuleuses. Aussi l'amour est-il traîné par d'agiles colombes ; aussi Cupidon a-t-il des ailes rapides comme le vent. Maintenant le soleil a atteint le sommet suprême de sa course aujourd'hui ; de neuf heures à midi il y a trois longues heures, et ... " elle soupira, bien top perturbée pour continuer. Elle lui demanda presque sèchement : "
Arrête de me regarder comme ça " c'était la première fois qu'elle le tutoyait. Sincèrement surpris, Allan ne comprit pas du premier coup : "
Te regarder comment ? " N'en avait-il donc plus conscience ? Fuyant son regard, Cléopâtre répondit : "
Comme un chien qu'on emmène à la fourrière ! J'arrive même plus à comprendre ce que je lis ! " elle posa les feuilles sur la table, tandis qu'il restait silencieux, comprenant très vite de quoi elle parlait. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder ainsi, et ce même sans s'en rendre compte. Il savait très bien de quoi il s'agissait. Il soupira à son tour, passant nerveusement sa main sur sa nuque. Donc, ça ne partait pas si facilement. Il ne savait plus quoi faire. Il se leva, retrouvant Cléopâtre qui s'était déjà levée entre temps. Il se posta derrière elle, tandis qu'elle lui tournait le dos, et il chuchota d'une voix inquiète : "
Qu'est ce qui nous arrive, Cléopâtre ? " Enfin il mettait quelques mots sur la situation. Sentant son souffle derrière elle, l'égyptienne ferma les yeux une demi-seconde. Elle n'avait pas de réponse à cela. En un rien de temps, elle se retourna, et posa ses lèvres sur celles d'Allan. Après ce doux, mais court baiser, elle se recula, se contenta de le regarder. "
Je ne sais pas, Allan ... Je ne sais pas. " timidement, elle posa sa main sur celle du professeur : "
Ce que je pense, c'est que ... ça vaut le coup " elle releva le regard vers lui, alors que le professeur cru défaillir. Il avait peur. Malgré tout, il posa à son tour ses lèvres sur celles de l'égyptienne, l'embrassant durant un long moment, avant de regrouper le peu de volonté qui lui restait pour sèchement y mettre fin. "
Non attends ... Nous ... Enfin, je ne peux pas faire ça ... " l'égyptienne demanda alors : "
tu ne peux pas quoi ? " d'une voix douce. "
Tout ça. Tu as dix-sept ans ... Seulement dix-sept ans. Je suis ton professeur et je ne dois pas, c'est comme ça " de ses yeux de biche, elle l'observait. Il avait autant de mal qu'ele, au fond. Elle le sentait : "
Tu ne dois pas ? " sa voix était douce, presque chuchotée. Et comme toujours, ce petit accent à peine audible. "
Je ne devrais pas ... " sa volonté s'amenuisait, au point que l'impératif se transformait en conditionnel. Il ne parvenait pas à retrouver sa bonne volonté, face à son regard noisette et ses mimiques : "
Arrête de me regarder comme ça " il reprit avec humour la phrase de Cléopâtre, qui lui avait été destinée cinq minutes plus tôt. Mais en y réfléchissant, tout ça était si mal ? Il aimait tant son regard, cette petite étincelle qu'elle lui réservait. Elle avait presque dix-huit ans, elle était tout juste une juste adulte, à peine sortie du lycée, mais lui, la voyait comme une femme, et bien plus encore. Ce sentiment là ne comptait-il pas ? Dépendant de son regard, abandonnant toute idée de rébellion, il lui déclara : "
Non. Finalement, continue. Regarde moi comme ça. Et ne t'arrête jamais. Jamais ... " et il l'embrassa une nouvelle fois. C'est sur ces mots qu'élève et professeur couchèrent ensemble pour la première fois.
Un ange. Tout simplement. Cléopâtre dormait, là, tranquillement, épanouie dans ses bras. Allan était réveillé depuis une heure, et il ne comptait pas se lever. Il était bien trop occupée à contempler la jeune femme, profondément endormie. Elle avait fêté ses dix-neuf ans la veille, et ils s'étaient rendus chez Allan une fois la nuit tombée, avant de s'endormir dans les bras l'un de l'autre. Et la belle dormait encore. Il ne se laissait pas de la regarder. Elle paraissait si innocente, si pure. C'est alors que ses paupières laissèrent place, doucement, à une paire de yeux noisettes. Voyant qu'il l'observait, elle étira un sourire accompagné d'un petit "bonjour" d'une voix fatiguée. Il lui fit part alors de l'observation qu'il avait faite, ce matin là. La remarque qu'il s'était toujours faite, d'ailleurs, mais dont il ne lui avait jamais parlé : "
Tu portes si bien ton nom ... Je crois qu'aucune autre fille sur Terre ne pouvait représenter une reine d'Egypte aussi sulfureuse, aussi belle, aussi douce " il posa ses lèvres sur les siennes avant de déclarer d'un air pensif, sérieux, mais avec une pointe d'humour : "
J'aimerais bien savoir ce que ça fait d'être Jules César ". Face à cette déclaration, un rire cristallin, léger, heureux. Celui de Cléopâtre. "
Mais chéri, à mes yeux, tu es déjà Jules César ". Elle posa ses lèvres sur les siennes puis se leva du lit, un drap entourant son corps, tandis qu'elle cherchait un vêtement à se mettre dans la chambre. Durant ce labs de temps, Allan restait silencieux, réfléchissant à la phrase qu'il venait de prononcer. Cela donna naissance à une réflexion qui fit le chemin dans sa tête. Il restait silencieux pendant que Cléopâtre partait à la recherche d'un vêtement autour du lit. La voix grave de l'homme s'éleva, à nouveau : "
Je suis sérieux, Cléopâtre. " elle se tourna alors vers lui afin de demander : "
sérieux pour quoi ? " se rappelant de sa dernière phrase, elle ajouta avec humour : "
Chéri, on est déjà très bien accordés. Tu n'es pas obligé de faire une demande de changement de nom pour qu'on soit le couple le plus royal au monde. Allan Barrett Hodgson, C'est pas si moche que ça, tu sais. " évidemment qu'elle le taquinait. Toujours. De son lit, il la regardait, faussement exaspéré, un sourire amusé au bout des lèvres. "
Mon nom me va très bien, je te remercie de t'en inquiéter. " il ajouta plus sérieusement : "
non, je voulais parler de nous ... " il réfléchit quelques secondes tandis que Cléopâtre se tourna complètement vers lui, intéressée, se demandant ce qu'il avait à lui dire à propos de leur couple si peu conventionnel. Elle avait toujours cette peur qu'il revienne sur ses pas, réalisant qu'il a fait une erreur en se casant avec une élève, si jeune qui plus est. En gros, elle avait peur de le perdre, tout simplement. "
Tu sais, les matins comme ça, j'aime. Et enfaite ... Ce matin là, je voudrais que ce soit le matin de demain, le matin d'après-demain, le matin de la semaine prochaine, le matin de l'an prochain ... Je voudrais que ce matin, ce soit toute ma vie. " elle s'approcha doucement du lit, pour être le plus près possible de lui, intriguée par ses paroles : "
Donc je sais, ce n'est pas du tout réfléchi. Ce n'est pas très sérieux ou conventionnel, non plus. Mais je n'ai jamais été aussi sûre de ce que je voulais. Alors ... " il prit sa respiration et ajouta : "
Cléopâtre Amheh, Est ce que tu voudrais te fiancer avec moi ? " elle en restait bouche bée. Craignant de défaillir, elle s'assit sur le lit. "
Tu veux ... Qu'on se marie ? " il répondit avec logique et amusement "
c'est un peu le principe des fiançailles, oui. " tout d'un coup, il fut pris d'un doute : et si l'idée la dégoûtait au plus haut point ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir puisqu'elle demanda : "
je croyais que tu me trouvais trop jeune, pas assez mature, et ... Enfin, je ne sais pas. Je me suis dis que pour toi, ça n'avait pas tant d'importance que ça ... " c'était donc ça qui l'inquiétait. Il releva son visage d'un geste de main, afin de la regarder dans les yeux. Il lui sourit avant de lui assurer avec honnêteté : "
Jamais une femme n'a autant compté dans ma vie " elle s'approcha de lui, tout sourire, pour lui offrir le plus beau des baisers avant de répondre : "
c'est avec plaisir que j'accepte de devenir votre femme, monsieur Hodgson " heureux comme jamais, il lui rendit son sourire et voulant s'amuser un peu, il déclara : "
venez là, madame Hodgson " il l'attrapa par le ventre et commença à simuler une bagarre d'enfants, tandis qu'elle riait aux éclats.
...
Une heure plus tard, ils étaient déjà dehors, direction l'école de théâtre. En effet, une répétition était fixée à neuf heures ce jour là. Leur relation n'était pas affirmée, mais ils se permettaient d'arriver ensemble, comme si ils venaient de se rencontrer dans la rue. Ils préféraient garder leur jardin secret, sachant pertinemment le genre de réactions qu'ils pouvaient encaisser. Malgré leurs précautions, des rumeurs, des bruits de couloirs, se multipliaient depuis déjà quelques semaines. Cela faisait déjà un an et demie que la troupe était formée, et ils avaient tous eu l'occasion d'apprendre à se connaître. Des représentations, des répétitions, des réunions, des cours, tout cela, en quelques mois, les avait rapproché, tous autant qu'ils furent. Assez pour se connaître un minimum. Et les attitudes des deux amoureux secrets ne trompaient personne. Abusée par cette relation qu'ils jugeaient malsaine, et agacée par les avantages que la demoiselle pouvait tirer, du moins c'était ce qu'ils s'imaginaient, une sorte de rumeur collective s'était formée. A cela, ajouté la mauvaise foi et la fierté de Jeremiah, un comédien de la troupe, qui avait craqué sur la belle Amheh, mais qui, forcément, n'avait pas rencontré le succès espéré. Forcément, la fierté de ce dernier l'avait conduit à alimenter les points négatifs des rumeurs. Les deux tourtereaux, en arrivant à l'école ne s'imaginaient pas ce qui était sur le point de se produire. Allan se dirigea vers la salle administrative afin de récupérer les différents scripts nécessaires, et Cléopâtre se dirigea vers la grande salle commune pour retrouver les autres comédiens, mais en poussant la porte, elle se retrouva tout simplement mouillée de la tête au pied suite à un choc d'une violence rare. En effet, Jeremiah venait de lui jeter un énorme sceau d'eau glacée à son entrée, tout simplement. Frigorifiée, surprise au possible, elle se retrouva grelottante accroupie, reprenant ses esprits. Des remarques fusèrent, mais elle n'avait pas l'esprit à écouter quoi que ce soit. Bien évidement, ce ne furent pas des mots tendres, et ils concernaient sa relation avec le professeur. Ce dernier, attiré par le bruit comme l'équipe administrative, débarqua. Face à cette image, il s'approcha de Cléopâtre, frottant ses bras à l'aide de ses mains. Il essayait de contenir sa rage qui avait commencé à naître lorsqu'il avait entendu certaines réflexions de l'autre côté du couloir. Pour l'instant, tout ce qui le préoccupait, c'était l'égyptienne. Pendant ce temps, ces bandes de parias s'agroupaient autour d'eux en chuchotant. Allan n'en tenait pas compte, pas pour l'instant. Il retira sa veste et la posa sur les épaules de Cléopâtre. "
Chérie, ça va ? " elle hocha doucement la tête, juste encore un peu secouée. La voir ainsi, ce fut la goûte d'eau. Voir les autres s'attaquer directement à elle, c'était la limite à ne pas franchir. La colère dans les yeux, il la laissa quelques secondes pour s'approcher de la masse qui s'était formée près d'eux : "
BON MAINTENANT, J'en ai ma claque ! " venait-il d'hurler. Silence pensant. Il s'approcha de tout le monde, déclarant avec une assurance déconcertante, quand on sait à quel point il pu être torturé sur ce sujet : "
Personne ne peut prétendre savoir quoi que ce soit à ce sujet, ou encore avoir le droit de dicter notre conduite, à elle ou à moi ! " encore plus énervé, il surenchérit : "
que personne ne la touche une nouvelle fois, celui qui a un problème, je lui conseille de se comporter en adulte et de s'adresser à moi ! " silence total. Pour que les choses soient claires et officielles, il déclara : "
Cette fille, c'est une femme. Et cette femme, je l'aime. Putain, je l'aime ! " il fit une coupure. C'est tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. De toutes façons, ils ne pourraient jamais comprendre. Il s'approcha à nouveau de Cléopâtre, et affirma avec un ton de non-retour, d'une voix assurée : "
Alors faites ce que vous voulez, mais moi, je décroche ! Vous pouvez rayer mon nom, je n'enseigne plus ici. Trouvez un autre professeur, je démissionne. " cracha t-il au personnel administratif et au corps enseignant. Il n'avait plus rien à perdre, et il s'en fichait. Tout ce qu'il aimait, c'était le théâtre. Et elle. Tant qu'il pouvait concilier les deux, peu importe la ville dans laquelle il exercera. Quitter l'école de cette ville ne le dérangeait vraiment pas. Surtout en étant confronté au genre de mentalité qu'on pouvait y trouver. Il s'approcha de sa fiancée, plaçant avec tendresse une mèche de ses cheveux mouillés derrière son oreille, et lui chuchota, prêt à affronter le monde pour elle : "
Viens, Cléopâtre. On s'en va. " sous le bras, sa jeune fiancée qu'il protégeait plus que nécessaire. Pour être partis, ils sont bel et bien partis. Loin de cette école, loin de cette ville, loin des jugements. Loin de tout. Ayant reçu une proposition de poste vacant dans une école de comédie d'Anchorage, dans l'Alaska, il décida de se construire une nouvelle vie ailleurs, accompagnée de sa fiancée qui n'hésita pas à le suivre dans l'aventure. Rien ne la retenait à Londres, et elle refusait d'être séparée d'Allan. Ils allaient pouvoir, enfin, commencer une vie ensemble. Sauf que voilà. La malédiction de la ville s'est abattue sur ce couple pourtant si fort. Le retour de certains ex-petits amis, des crises de jalousie, les préjugés et jugements liés à la différence d'âge, une mauvaise influence exercée sur Cléopâtre par des tierces personnes, et des différends incompréhensibles. Depuis qu'ils sont arrivés, tout va mal. La malédiction existe t-elle réellement ? Va t-elle détruire ce couple pourtant si solide ? Pour l'instant, fort malheureusement, c'est bien parti pour.