✩ good to know you


« C'est une fille ! » Voilà les mots que prononcèrent la sage femme qui s'occupait de l'accouchement de ma mère en me tendant dans les bras de cette dernière une fois que je fus mise au monde. J'avais beau être le troisième enfant de mes parents mais j'étais leur toute première petite fille. Cinq ans que ma mère attendait l'arrivée d'une petite demoiselle depuis la mise au monde de son premier enfant et là voilà enfin arrivée avec moi. Ma mère fut vraiment la plus heureuse en entendant ces quelques mots. Elle avait enfin réalisé son rêve : avoir sa petite princesse, sa petite étoile. Ma mère a toujours été très contente et émue de l'arrivée de mes deux frères, attention je ne dis pas ça, mais elle espérait réellement avoir un renfort féminin au sein de la famille Sanchez. Mon père aussi était aux anges, il était content de ses deux premiers fiston, mais une petite poupée l'émerveillait bien. Ils décidèrent alors de me prénommer Ayelen Estrella Sanchez. Estrella est le prénom choisie par ma mère, c'est un prénom qui lui tenait sincèrement à coeur. Bref j'atterrie dans une famille unie et plus qu'aimante auprès de leur progéniture. Certes ma famille ne roulait pas sur l'or, mon père Ricardo Sanchez n'est qu'un simple ouvrier et ma mère Amaya Sanchez est femme de ménage dans un grand hôtel brésilien. Mais ils s'en sont toujours très bien tirés et mes parents ont toujours tout fait pour que leur progéniture ait une belle vie et baigne dans l'amour. Mes parents se seraient tués à la tâche pour mes frères et moi. J'ai alors passé les premières années de ma vie entourée des gens qui m'aimaient et qui me protégeait. C'est vrai que l'avantage d'avoir deux grands frères et bien personne ne m'a jamais réellement embêter à l'école, j'avais deux super gardes du corps. Si à l'école des enfants me poussait, mes frères rappliquaient illico presto. J'étais leur seule et unique petite sœur et même si une sœur c'est souvent emmerdante et bien cela ne les empêchaient pas de me protéger coûte que coûte. Car oui pour être emmerdante et envahissante je me posais bien là. Mais bon c'est ce qui fait mon charme... Ma relation avec mes deux frères a toujours été très fusionnelle même si aujourd'hui nous faisons un peu nos vies chacun de nos côtés.


« Maman on va être en retard pour mon cours de danse. » La danse. Bien plus qu'une passion. A chaque fois que je devais quitter la salle de danse je n'avais qu'une hâte d'être au prochain cours pour pouvoir y remettre les pieds. Ma mère m'a inscrite à mon tout premier cours de danse alors que je n'avais que quatre ans. Au fil des années c'est devenue comme un besoin vital pour moi. Je ne voulais louper aucun cours, il fallait même que j'arrive en avance. C'était panique à bord lorsque je me rendais compte qu'on était serré au niveau du temps. La danse est devenu quelque chose d'important et d'essentiel à ma vie. C'était ma drogue à moi. J'aimais plus particulièrement les moments lorsqu'on montait les ballets et qu'on devait le présenter à une salle remplie de monde, j'appréciais être sur scène avec mon tutu et être regardé par les spectateurs. Etre sous le feu des projecteurs, les paillettes, cela fait rêver toutes les petites filles. Moi ça me faisait rêver. Je savais ce que je voulais faire plus tard, devenir danseuse, vivre de cette passion qui était une sorte de drogue pour moi. Jusqu'à mes dix ans j'ai donc pratiqué la danse classique, puis pendant trois ans je suis passée au moderne jazz. A l'adolescence je me suis essayée aux danses dites de salon tout ce qui est salsa, rumba, tango... Après ça j'ai commençais à me concentrer plus sur la samba, danse nationale, j'ai eu la chance même de participer au carnaval de Rio. Rien que cela oui. La danse coule tellement dans mes veines qu'à la fin de mes études dans le secondaire je voulais partir faire une école d'arts et de la scène. Seulement mes parents n'étaient pas d'accord, ils voulaient que leurs enfants aient de bonnes situations pour leur vie future. Et pour cela il fallait donc faire des études pour avoir un métier d'avenir. Mon frère aîné a fait des études de droits, mon second frère lui c'est engager dans l'armée et est partie aux états-unis. Quand à moi, j'ai alors suivi une voie tout autre que celle dont je rêvais, j'ai fais un cursus pour devenir infirmière et pour faire ses études je suis tout de même partie aux états-unis, à Washington, non loin de là ou se situait mon deuxième frère.


« Aye, je suis désolé, je n'ai rien pu faire pour le sauver, il est mort. » Mon frère rentrait - plus tôt que prévu - du champs de bataille le bras en écharpe blessé lors de ce fameux combat, et c'est lui qui m'appris le décès de son ami qui était également mon petit ami, il avait été mortellement blessé contrairement à mon frère qui s'en était sorti indemne. Ce jour là je fus comme détruite par cette année. Durant les mois qui suivirent j'en voulais à mon frère de n'avoir rien fais pour qu'il revienne également en vie. A cette époque là j'avais alors vingt-deux ans, cela faisais deux ans que je connaissais cet homme, nous nous étions rencontrés à l'hôpital j'étais alors en stage pour valider ma deuxième année d'étude et il était arrivé aux urgences en compagnie de mon frère pour se faire soigner suite à une bagarre. Il avait un petit quelque chose qui m'avait alors charmé, mais je m'étais promis de ne jamais sortir avec les amis de mes frères par simple principe. A force de ténacité de la part de ce soldat j'ai tout de même fini par céder, surtout lorsque j'ai eu l'approbation de mon frère. Cette histoire aura durer deux ans, deux ans qui ne furent pas facile du point de vu de la profession de ce dernier, le pire était lorsqu'il devait partir sur le champs de bataille j'avais toujours peur qu'il ne rentre pas et ce jour là ce fut le cas. Après m'être difficilement remise de cette perte, j'avais décidé de partir de Washington pour me reconstruire. Maintenant qu'à présent j'avais fini cette formation d'infirmière, que je savais que j'aurais un métier sur, je voulais tout de même tenter ma chance dans le domaine qui m'avait toujours fait rêvé.


« Mademoiselle Sanchez vous êtes recalée. » Une phrase qui me mit au fond du trou. J'avais l'impression de n'être bonne à rien. Tous mes espoirs, mes rêves venaient de disparaître avec une simple phrase. J'avais l'impression que la terre venait de s'effondrer à nouveau sous mes pieds.Tant d'efforts et de sacrifices pour rien. Non impossible. Les portes avaient beau se fermer devant moi je ne lâchais rien, je suis une battante, j'avais un but et je voulais l'atteindre impérativement. Tant pis, je n'allais pas emprunter le chemin le plus facile, mais je pouvais y arriver. Je devais le faire. Malgré ma formation d'infirmière qui m'assurer un bon poste j'ai réellement touché un peu à tout dans cette ville qu'était New-York, j'ai été coyote - vous savez ces jeunes femmes qui officie derrière un comptoir puis qui finissent par monter dessus pour danser et mettre l'ambiance - et c'est d'ailleurs de cette manière là que je me suis faite remarquer et qui m'a permis d'être embauchée comme danseuse dans un petit cabaret new-yorkais. C'est suite à cette dernière trouvaille que j'ai eu la chance de ma vie. Un chorégraphe m'a alors remarqué et m'a demandé d'intégrer sa troupe et son spectacle de danse. C'était l'opportunité rêvée que j'ai accepté sans broncher. Pendant presque deux ans nous avons voyagé un peu partout dans le monde pour présenter notre spectacle. Aux fils des mois j'avais pris du galon au sein de la troupe allant jusqu’à endosser le rôle titre du spectacle. Mon talent était reconnu ainsi que mon nom, bon je dois avouer qu'aussi je vivais une histoire auprès de mon chorégraphe/metteur en scène, mais ça ne fait pas tout, si j'avais été nulle jamais je ne serais arrivée là où j'en étais arrivée à force d'efforts et de persévérance. Malheureusement toute bonne chose à une fin et je suis revenue à la dure réalité de la vie plus vite que je ne l'aurais pensé.


« Estrella, ma belle, les médecins disent que ta blessure est assez grave. Ils disent que la danse c'est fini. On repart demain, mais sans toi, je suis sincèrement désolé. » Voilà comment en une fraction de secondes ma vie bascula complètement. Quelques heures plus tôt alors que nous étions en pleine répétition pour la représentation du soir voilà que je m'effondre au sol. Je venais de me blesser au genou. Le diagnostic des médecins était alors formel: c'était une déchirure ligamentaire du genou, la danse était donc finie pour moi en milieu professionnel, car je risquais gros si j'allais contre leur avis. Et pour m'enfoncer encore plus, celui qui était censé être mon petit ami, me laissais donc en plan ici pour continuer de faire son spectacle. Je venais de tout perdre, absolument tout. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir devenir sans danse. Cette mésaventure m'est arrivée il y a pratiquement deux années de cela. Je me trouvais ici même à Anchorage. Suite à ma blessure je devais me reposer alors je n'ai pas pu quitter la ville et le pays immédiatement. Les premiers temps furent un peu déstabilisant, surtout vis à vis du climat, l'Alaska ce n'est pas le Brésil, c'est un vrai choc météorologique ainsi que culturel. Finalement j'ai fini par m'habituer je ne sais comment à cette nouvelle vie. J'ai alors décidé de tenter de reconstruire encore quelque chose ici. Bien sûr pour rester ici j'ai dû me trouvé un boulot. Ces trois dernières années en dansant j'ai réussi à mettre des sous de côté, mais je ne suis pas du genre à me tourner les pouces. Vous me direz j'aurais pu avoir un boulot tout trouvé: infirmière, mais non cela ne me faisait pas réellement j'avais fais ce choix pour faire plaisir à mes parents, pour qu'ils sachent que leur fille avait un emploi stable et fiable. Je me suis alors trouvée une reconversion qui me convient particulièrement vu que je peux "danser" et faire partager ma plastique de bomba latina. Je suis strip-teaseuse et je n'ai pas honte de le dire. C'est un métier comme un autre. Par contre pour ma famille et bien ils pensent que la jeune Sanchez travaille en tant qu'infirmière, si jamais quelqu'un venait à apprendre que je suis stripteaseuse, cela risquerait de chauffer pour mon petit postérieur. Ils ne comprendraient pas ce choix de "carrière". Bien que je ne sois pas une prostituée pour autant je ne couche pas avec les clients pour de l'argent. Mais pour le plaisir c'est possible, mais en dehors de l'établissement bien évidement. J'ai bientôt 26 ans et je souhaite profiter de la vie et des joies dont elle peut m'apporter encore quelques années. Ce n'est pas lorsque j'aurais une quarantaine d'années que je pourrais faire ces choses là alors j'en profite maintenant et je vis un peu ma vie au jour le jour.