femme de caractère elle aime avoir le dernier mot et ne se laisse jamais marcher sur les pieds. avec son mari ils ont eu une relation fusionnelle et complètement passionnée, tout est allé très vite, ils se sont connus jeunes, se sont mariés jeunes et ont enfanté jeunes. elle a tout arrêté ses études pour s'occuper de ses enfants, et a suivi richard jusqu'en alaska pour sa carrière professionnelle. elle a fait un déni de grossesse pour son troisième enfant et sous le choc a pris la décision de partir s'isoler, faisant ses valises et laissant mari et enfants derrière elle.

   que pensez-vous de la légende? y croyez-vous? elle n'y croit pas, elle n'a jamais cru aux superstitions. et elle n'en pense rien du temps, elle s'en fiche royalement. elle ne l'intéresse pas, elle n'y prête pas attention. parlez-nous de votre vie sentimentale, de manière générale. j'ai été mariée pendant des années, et je le suis encore, à un homme dont j'étais éperdument amoureuse, mais aujourd'hui je ne sais pas, je ne sais plus. êtes-vous plus du genre fétard ou flemmard? plutôt flemmard, dans le sens pantouflarde, j'ai toujours travaillé qu'en tant que femme au foyer, je ne sais rien faire d'autre, je ne sais pas me débrouiller ailleurs ni sortir faire la fête. voir des couples heureux, ça vous fait quoi? ça me rend nostalgique de ma vie avec richard, et cela m'interroge aussi, est-ce qu'un jour on pourra retrouver cette relation là, cette alchimie là, ou est-ce que tout est définitivement saboté ? pensez-vous que la malédiction à joué sur votre vie sentimentale? non elle n'y croit pas, n'en a rien à faire, c'est quelque-chose qui ne l'intéresse pas, elle n'est pas superstitieuse pour un sou.

✩ good to know you
   Il l'avait surprise dans les rues de Los Angeles, le jour de la fête nationale, elle s'était isolée dans une ruelle pour faire pipi, pensant être à l’abri des regards. Elle n'avait pas envie d'être prise pour une conne et de devoir payer un café pour utiliser des toilettes ou débourser de l'argent pour se soulager dans des toilettes publics dont le prix n'est pas du tout proportionnel à la propreté des lieux. Lui avait fait irruption dans cette ruelle sans faire attention et l'avait surprise, elle était vexée évidemment, terriblement vexée qu'elle décida de rediriger sa gêne en colère contre lui. Il avait rapidement fait demi-tour mais elle était revenu le chercher, elle avait besoin de ce décharger de toute cette colère qu'elle avait générée contre lui qui l'avait surpris dans une position peu confortable. Alors elle l'avait attaqué, avec des accents de féminisme. Il fallait qu'elle ait le dernier mot, et quand elle voulu en avoir terminé, c'était comme si c'était lui qui maintenant ne voulait pas la lâcher.
Ils s'étaient mis ensemble et quelques mois plus tard elle tombait enceinte. Tout était allé si vite, trop vite. Ils s'étaient lacé coeur et âme dans cette relation et ce n'est qu'une fois sur le chemin de la maternité qu'elle réalisait l'ampleur de la situation l'immobilisant dans un grand mutisme alors qu'elle sentait Richard jeter des regards inquiets vers elle. Mais dès l'instant où son calvaire s'arrêta et où une sage-femme posa le corps du bébé contre sa peau, toute son anxiété s'évapora, laissant dessiner sur son visage un large sourire. C'était une fille, elle allait s’appeler Perséphone-Rose, comme ils l'avaient décidé auparavant. Et ce petit bout de chou avait véritablement le pouvoir de faire s'évanouir toutes les inquiétudes qu'Elizabeth aurait pu avoir sur son couple et la vitesse de leur relation. Il n'y avait plus qu'elle qui était importante, son premier enfant, sa fille chérie. Elle l'aimait à un tel point qu'elle ne chercha pas à reprendre le fil de ses études après les premiers mois du bébé, et elle ne se mit pas non plus à chercher du boulot. Elle voulait passer tout son temps à s'occuper de sa fille, 100% de son temps, dévouer toute sa vie à l'éducation de sa fille, et pour cela la seule chose à faire pour elle était de devenir femme au foyer. Elle ne s'était pas posé la question si elle passerait le restant de ses jours à faire la maman ou si elle reprendrait des études ou un travail, elle vivait au jour le jour, pour Perséphone, et c'était tout.
Ils s'étaient rencontré à 18 ans, ils avaient rapidement emménagé ensemble et à seulement 19 ans elle était enceinte. Quatre ans plus tard elle était de nouveau enceinte, elle n'avait que 23 ans et c'était déjà une petite mère de famille. Ils avaient déménagé de Los Angeles à Anchorage, pour Richard, pour sa vie professionnelle, pour sa carrière. Elle avait accepté de déménager à l'autre bout de l'Amérique pour qu'il ne puisse pas rater une opportunité qui peut-être ne se renouvellerait pas. Avec toute cette neige, elle avait mis du temps à s'adapter avec les changements de température, passant du soleil de LA au froid glacial d'Alaska. Elle était de nouveau enceinte à 23 ans et pensait accoucher à l'hôpital comme la dernière fois. Mais rien ne se passa comme prévu, elle allait accoucher chez elle, avec toute cette neige Richard refusait de la conduire à l'hôpital, et les pompiers, les sage-femmes et le gynécologue tardaient à arriver. Finalement tout se passa pour le mieux, l'équipe médicale arriva et Pandora-Blue, de nouveau une petite fille naquit sans encombre.
Ils n'avaient pas prévu d'avoir un troisième enfant, ils avaient deux petites princesses merveilleuses et c'était assez. Elle avait fait un déni de grossesse, elle était tombé enceinte sans s'en rendre compte et elle avait vécu sa grossesse sans s'en rendre compte. Comme cela arrivait parfois, son ventre n'avait pas grossi tant que cela, et elle n'avait pas eu autant de symptômes pour la faire réaliser qu'elle avait un bébé qui poussait dans le ventre. En urgence elle du aller accoucher. Cette fois-ci Richard n'était pas là, il arriva en retard, lorsque tout était déjà fini. Elle n'avait rien compris de ce qu'il s'était passé, elle accouchait d'un bébé qu'elle n'avait pas prévu, qu'elle n'avait même pas imaginé. C'était un pur étranger pour elle, et alors qu'elle aurait eu plus besoin de Richard durant cette grossesse là plus que toutes les autres, il n'était pas présent. Elle s'était muée dans un mutisme que n'avait pas remarqué son mari, occupé à pouponner leur troisième enfant, un fils, Samuel. Elle était incapable de le regarder, de le prendre dans ses bras, c'était comme un élément étranger qui avait grandi dans son corps sans qu'elle s'en rende compte, et cette idée l'effrayait. Alors finalement elle fit ses valises et partit, quittant son mari et ses petites princesses.