✩ est l'aînée de trois enfants. sa soeur alma n'est sa cadette que de deux ans tandis que le petit dernier entame la vingtaine. ses cadets, vous y touchez, c'est fini pour vous. ils sont ses 'bébés', surtout son frère. il est un peu comme elle. alors qu'alma, elle, elle est plus terre à terre. plus caractérielle aussi. plus fille dans le 'mauvais' sens du terme. celui qui ne qualifie pas nola en fait. mais malgré leurs fréquentes disputes -car oui, c'est souvent la guerre-, sa soeur c'est sa vie. elle pourrait, et n'hésiterait pas, à mourir pour eux

✩ somewhere only we know.
il n'y avait que son frère qui lui rendait visite dans l’établissement où on l'avait admise de force. nola le contemplait à chaque fois qu'il entrait dans la chambre qu'elle occupait. elle n'avait jamais réalisé qu'il n'était plus un enfant. ni même un adolescent. il avait grandi trop vite. dans les deux sens du terme, mais ça elle ne le savait pas. il s'arrêtait toujours à côté du fauteuil pour lui sourire ainsi que pour attendre son approbation. nola ne voulait voir personne, surtout pas ses parents, mais lui ça ne la dérangeait pas. cela remplaçait simplement les moments privilégiés qu'ils passaient d'ordinaire sur le toit de leur maison. ils le savaient tous les deux. nola ne savait même pas s'il regardait quand même les étoiles et cela l'attristait, mais elle n'osait demander. tout comme il n'osait lui adresser la parole dans ce sinistre endroit. c'était mieux ainsi. elle n'était pas d'humeur à parler. jamais. ça devait faire au moins la centième fois qu'il s'asseyait dans ce maudit fauteuil, ce jour-là. ils ne changeaient jamais leur routine. en un sens, ils avaient toujours été comme cela. ça avait toujours été comme ça entre eux. ce serait bête d’arrêter, non ? alors nola détourna le regard pour le poser sur la fenêtre et lui posa sa main sur la sienne, la serrant à peine. c'était réconfortant. de suivre une certaine constance. car si tout changeait, il resterait cela. leur abri métaphorique. en quelque sorte. et elle aurait pu y passer des heures, dans ce merveilleux endroit. elle s'y sentait bien, en sécurité. mais le ciel virait à l'orangé et le soleil laissait peu à peu place à la lune. il devrait bientôt partir, il serait même obligé. les heures de visites, quelle galère. comme à chaque fois, leur mère n'entra que pour rappeler à son cadet qu'il était l'heure de partir. de dîner en famille. il faisait des réflexions sur ce mot, famille, au début. mais avait arrêté au bout d'une semaine. après un regard furieux de nola. elle, elle ne prenait ça que pour une invitation de sa mère à aller 'mieux'. elle n'avait jamais qualifié leurs dîners de cela, avant. elle souhaitait garder un semblant de vie de famille, maintenant qu'alma était partie. et que nola était dans un endroit que tous taisaient. la blonde s'était rendu compte qu'il n'y avait pas que sa vie qui n'était plus qu'un tas de ruines, c'était le cas pour chacun d'eux. mais sa mère, elle, n'avait occupé aucun autre rôle que celui-là. être mère, une maman. sa vie s'effondrait de tous les côtés. il ne lui restait que deux murs sur quatre. elle l'aurait bien expliqué à son frère, mais elle n'en avait jamais la force. elle ne voulait pas qu'il la voie pleurer. il se serait inquiété, sinon. mais la situation de sa mère lui brisait le coeur. elle savait qu'elle devait être forte pour elle. la nola qui avait détesté son geste ne ressentait plus que de la compassion pour la femme qui l'avait mise au monde. comme c'est marrant, la perspective. ça peut changer les choses.

✩ oh the journey's been long, i've learned and i've lost on the way
[...] le vent entortillait ses cheveux et fouettait son visage. c'était vraiment différent. la pluie ne tarderait pas à tomber, c'était évident. elles devaient se dépêcher. pas le temps pour des retrouvailles larmoyantes. les deux harrington ne se s'y seraient pas adonnées de toute façon. pas le genre de la maison. enfin ... mais c'était une autre histoire. une histoire de plus de soixante-dix heures auparavant. même si techniquement aucune larme n'avait été versée. elle en avait eu envie pourtant, nola. ce n'était pas cela qui manquait. elle avait choisi de rester forte pour lui. mais elle l'avait peut-être imaginé plus faible et fragile qu'il ne l'était. peut-être n'en avait-il eu rien eu à faire de son départ.  il était certes content pour elle, elle était contente pour elle aussi. bien que son coeur se soit brisé, de le laisser tout seul. car il l'était, elle le savait. et pas le genre de solitude qu'on recherche, celle qu'on ressent malgré soi. qui nous déchire de l'intérieur. nola ne connaissait que trop bien cela. alors quand elle avait plongé ses grands yeux bleus dans les siens, elle avait su. vu. compris. parce que cette lueur, ce feu qui s’éteint, elle l'avait déjà vu avant. dans le miroir.