une petite citation juste ici.
✩ good to know you01. The beginning of the end."
M'man? P'pa? Désolée du retard, mais Kylie et moi on était à la bibliothèque pour un devoir et ça à pris plus de temps que...prévu. Eh, qu'est-ce qu'il se passe ici?" Au beau milieu de salon de l'immense maison de la famille Grey se tiennent mes parents. Ma mère pleure, ses yeux sont rouges et gonflés et de son côté même si mon père se contient et garde un visage dénué de toute expression, je le connaît assez pour savoir qu'il se retient de péter une durite. Ils sont assis là, sur le canapé et me regardent arriver sans rien dire. Un silence horrible. Morbide. Un silence qui fiche la trouille et qui ne présage absolument rien de bon. Pourtant j'ai quinze ans, je suis grande et je sais que je pourrais encaisser. Soudainement je me met à penser à ma famille, à mon frère cadet ou à mes grand-parents: Et si il leur était arrivé quelque chose alors que j'étais en sortie avec mes amies?! Mon coeur martèle alors de coups ma cage thoracique tandis que j'essaie de reprendre mon souffle, de ne pas paniquer. "
Sérieusement, qu'est-ce qu'il se passe? C'est Jude? Ou grand-père et grand-mère? Il leur est arrivé quelque chose de mal, c'est ça?" Je me tourne vers ma mère, les larmes commençant à me brûler les yeux. C'est toujours ce que je fais lorsque je suis en quête de réconfort et de soutient: Je regarde ma mère. Mais bizarrement, ce n'est pas elle qui se lève et qui vient passer un bras autour de mes épaules pour me rassurer, mais mon père. "
Ne t'inquiète pas", me dit-il simplement. "
Ton frère va bien ainsi que le reste de la famille. Nous pensions que tu allais dormir chez Kylie ce soir, ainsi tu n'aurais pas à voir tout ça." Alors là, je me sent encore plus perdue et légèrement en colère. Qu'est-ce qui a bien pu ficher en l'air le moral de mes parents, au juste?! Ne pas comprendre me démoralise et me déprime au plus haut point, je déteste ça. Perdue, je me tourne à nouveau vers ma mère...Et c'est là que je les vois, posées non loin d'elle: Des valises. Il y en a trois, ainsi qu'un sac de voyage. Je secoue la tête, refusant de comprendre, d'assimiler ce qu'il va se passer. Pourtant les pièces du puzzle s’emboîtent une à une: Les pleurs, les valises, la surprise de me voir les prendre sur le fait. Ma mère se tire, c'est évident. Mais pourquoi? Pourquoi maintenant?
Soudain, un coup de klaxon nous fait sursauter tous les trois. Je tourne la tête et voit un taxi garé dans notre allée, non loin de la porte. Donc tout est vrai et en plus elle ne prend pas la voiture, ce qui veut dire qu'elle ne reviendra pas. Les larmes roulant sur mes joues, je secoue la tête alors qu'elle se lève, l'air encore plus démoralisée et triste que moi. Elle essaie de me prendre dans ses bras mes je me débats, incapable de comprendre. Une fois libre de son étreinte éphémère, je sort de la pièce en courant pour me ruer vers ma chambre. Une fois la porte claquée, c'est de ma fenêtre que je vois ma propre mère s'en aller. Elle laisse tout derrière elle, aidée par mon père et monte dans le taxi. Ils s'échangent à peine deux mots et la voiture s'en va. Tout est terminé et j'entends d'ici un coeur se briser: Pas le mien. Celui de mon père. Quant à moi, je me sent trahie et sale. Peu importe leurs raisons, ils ont préféré attendre que mon frère soit parti en vacances loin d'ici et que moi je sois chez mes amies pour mettre leur sorte de plan vicieux à exécution. Je pense alors à Jude. Pauvre Jude, qui va bientôt rentrer et ne trouver qu'une place vide dans la maison. Les heures passent et je ne m'arrête pas de pleurer une seconde. Pourtant, épuisée et sans forces, je me traîne jusqu'à la cuisine pour prendre un verre d'eau et y trouve mon père. Adossé au comptoir, il parait voûté et petit. Triste.
Quelques minutes plus tard, après une longue étreinte, je lui demande pourquoi. Il met longtemps à me répondre qu'il a fichu ma mère dehors après avoir appris qu'elle avait une liaison avec un autre homme. Un homme qu'elle avait rencontré par le biais de son boulot. Il m'as ensuite fait promettre de protéger Jude de tout ça et d'éviter de lui expliquer en détails le pourquoi du départ de notre mère: Il en serait trop triste et se sentirait tout aussi trahi que mon père et moi. Jamais je n'aurais pensé que ma propre mère puisse être du genre à tromper toute sa famille pour une simple aventure avec un inconnu. Qu'elle aille au diable. En regardant mon père ce soir là, je me suis dit que tout irait mieux. Que nous devions forcément aller mieux, avec le temps...
Si je savais à l'époque à quel point je me trompais.02. I just wanna run."
J'te déteste. Tu le sais, j'espère?" Mon père me lance un regard dans le rétroviseur alors que je le fusille du mien, les bras croisés fermement contre ma poitrine. "
Ecoute, Madison: Je sais que tu es en colère en ce moment, mais je te jure que tu vas te plaire dans notre nouvelle maison!" Je lève les yeux au ciel et rit jaune. Autant je sais que je ne pardonnerais jamais ma mère pour avoir trompé mon père, mais là je sent que lui aussi baisse dans mon estime. Voilà à peine quelques mois que le divorce a été prononcé et voilà qu'il nous annonce qu'il a rencontré quelqu'un, qu'il est vraiment amoureux et qu'on va partir s'installer en Alaska! Non, mais l'Alaska, sérieusement! Il n'avait pas plus loin?! Je déteste déjà tout de cette nouvelle ville, de cette nouvelle maison, de cette nouvelle vie. Mon père ne cesse de répéter que Manchester lui rappelle trop ma mère mais est-ce que c'était une raison valable pour nous forcer Jude et moi, à le suivre?! Après qu'il ait eu la garde exclusive de nous deux, mon père n'a pas hésité à vendre la maison où j'ai grandi. Et là, j'ai du dire adieu à toutes mes amies, à mon école et à ma ville natale. Franchement, ça craint!
Tu sais, tu peux aller même à l'autre bout de la terre, ça ne changera rien au fait que maman t'as fait cocu et que tu t'es senti comme le dernier des cons Sous le choc, mon père perd le contrôle du véhicule l'espace d'une seconde et cette fois-ci, c'est lui qui me lance un regard aussi noir que le mien. "
Madison! Ne me pousse pas à bout, d'accord?! J'hausse les épaules et me détourne pour regarder Jude, qui lui dort comme un bébé. Il a beau avoir douze ans, la voiture a toujours le même effet sur lui, un vrai somnifère!
Ta nouvelle vie, j'en veux pas, p'pa. On étaient très bien à Manchester." Comme si j'allais venir vivre bien gentiment chez la bonne femme qu'il s'est trouvé. Comme si j'allais dire oui avec le sourire à la pseudo nouvelle vie que mon père veut s'offrir. Désolée, c'est sans moi. Et je trouverais un moyen de me tirer de là le plus vite possible. Sans me retourner, en plus.
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Eh, je crois que Jude aurait besoin d'un soutient en maths. Il coule complètement et ce n'est pas bon...Oh p'pa, tu m'écoutes?!" Et bien évidemment: Non, il ne m'écoute pas! Je soupire et lève les yeux au ciel. Lui de son côté, est en train de se préparer pour sortir avec Judith. Sa nouvelle femme. Ils sont mariés il y a six mois: A peine un an après le divorce. Bravo, papa. Très classe. Jude était heureux ce jour là. Il a été le témoin de mon père et n'a cessé de sourire toute la journée. Personnellement, je pense avoir été la seule à pleurer de tout sauf de joie: De rage, de tristesse. Parce que oui, je ne voulais pas de ce mariage, pas plus que je ne voulais de cette nouvelle vie qui est soit dit en passant, pourrie au possible. Ici, je n'arrive pas à me sentir chez moi, à m'attacher aux gens du quartier ou même à mes amis du lycée. Ils ne sont pas aussi importants pour moi que l'étaient mes amies à Manchester. En fait, rien ni personne ne pourra jamais remplacer ce que j'avais dans ma ville natale...Parfois j'envie Jude de s'être aussi bien adapté. Jeune et sociable, il n'a pas eu de mal à aimer Judith et à se faire toute une bande de pote assez soudée. Personnellement, je me sent incapable d'être heureuse, même après une année. L'impression que les jours les plus heureux que j'ai passé sont loin derrière et ils me manquent beaucoup. "
PAPA!" Il sursaute et se retourne, l'air contrarié. "
Quoi, Madison?! Arrêtes un peu de hurler tout le temps, ce serait gentil!" Mais qu'il aille se...Je respire profondément. "
Jude a besoin d'aide pour ses maths. S'il foire son année, il va encore s'en prendre plein la figure par ta nouvelle femme." Il soupire à son tour, sauf que lui paraît clairement blasé. "
Arrête de dire n'importe quoi: Judith veut qu'il réussisse et c'est pour ça qu'elle le pousse un peu, il n'y a aucun mal à ça. Elle vous aime beaucoup et tu le sais" J'arque un sourcil et éclate de rire "
Wow, l'amour ça te réussit vraiment pas, p'pa! Tu vois pas qu'elle en a rien à faire de Jude ou même de moi? Elle essaie simplement de le contrôler comme elle le fait avec toi! La dernière fois elle lui a même dit qu'il pouvait l'appeler maman!" Bref silence. "
Et alors? C'est plutôt gentil." "
Non papa, ce n'est pas gentil! Jude et moi, on a déjà une mère! C'était peut-être pas la meilleure au monde mais crois moi, autant ne pas lancer un concours parce que sinon tu pourrais finir par gagner haut la main." Sur ce, je tourne les talons, bien décidée à quitter la pièce. En colère, comme toujours. J'ai l'impression de tourner en rond, d'être H/24 sur la défensive, méfiante et amère. Ce n'est pourtant pas dans ma nature et je me rends compte que ce qui me rend comme ça, ce n'est pas la ville ou même la nouvelle maison, la nouvelle femme: C'est mon père. Mon père et ses décisions à la con.
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"
Tu devrais peut-être contacter ton père, ma chérie." Je secoue la tête. "
Pas question. Appelle le si tu veux mais je n'ai pas envie de lui dire un seul mot avant notre retour prévu dans deux semaines." Ma grand-mère passe une main dans mes cheveux, simple geste qui me détend avant de déposer un baiser au sommet du crâne de Jude qui, du haut de ses quinze ans, se met à râler. Voilà la nouvelle lubie de mon père: Nous expédier en vacances chez les grand-parents en Italie histoire d'avoir la paix avec sa femme. Encore une fois, très classe papa. Mais finalement, revoir cette maison si familière et aussi mes grands-parents me rends heureuse. Enfin je me sent chez moi et détendue, sereine, chose qui n'était pas arrivée depuis des années maintenant. "
Ca faisait longtemps", lance Jude, les yeux rivés vers l'écran de son téléphone alors qu'il envoie sms sur sms. "
De quoi tu parles?" Après quelques secondes, il lève son regard couleur lagon vers moi et me réponds le plus sincèrement possible: "
Que je ne t'avais pas vue sourire. Je pensais que tu ne savais plus le faire, à force." Ce sens de la répartie me surprend tellement que je me mets à rire et ébouriffe ses cheveux déjà pas mal en bataille. Il râle et se débat, mais finit par rire à son tour. Et finalement, tout ça dégénère en bataille d'oreillers dans la chambre. Mais dans le fond, il a raison: ça faisait longtemps et ça fait tellement du bien de sourire à nouveau!
En fait je n'ai pas besoin de mon père ou d'une maison, d'une ville pour me sentir chez moi. Jude est ma seule famille à présent: il est le seul qui compte.
03. My life, my rules."
Tu sais pour mon frère, ce n'est que provisoire." Je sourit et hausse les épaules. Je préfère faire comme si rien ne me gênais plutôt que d'affronter le regard de mon petit ami. Nous sommes ensembles depuis quelques mois et même si je l'aime beaucoup, mes sentiments ne sont pas certains. Enfin, ils l'étaient mais...bref, tout change. Et ça me fiche une trouille d'enfer. "
T'inquiète, ce n'est pas comme si je passais ma vie ici, et puis il ne dérange pas." Sauf quand il se balade à moitié à poil devant tout le monde, évidemment! Entre lui et moi, c'est compliqué. Dès la première fois où l'on s'est vu, dans le salon de cette maison, tout ne s'est pas très bien passé. Et c'est rapidement devenu bizarre entre nous, étrange. Depuis on se tourne autour, on se taquine parfois assez violemment sans pour autant passer à un quelconque acte. C'est un jeu dangereux que nous avons commencé: je le sais, et il le sait. Nous en sommes conscients, mais c'est comme si c'était instinctif et naturel: Une sorte de routine, d'obligation. Lorsque nous sommes dans la même pièce, c'est inévitable et je redoute déjà le jour où nous aurons atteint le stade supérieur, quel qu'il soit. Mon copain vient m'enlacer et je pouffe de rire, un peu comme une lycéenne qui a un coup de coeur pour la première fois. Il m'embrasse sur la joue et je fais de même: Mais la peur continue de me nouer le ventre malgré tout, juste en partie à cause de lui. Je ne suis pas comme ma mère, je ne veux pas tromper qui que ce soit, je ne veux pas le blesser. Mais et si jamais ça arrivait? Et si jamais je merdais?
Heureusement qu'avec des "et si", on referait le monde dans son intégralité. Je secoue la tête, essaie de ne plus penser à tout ça. Aeddan ne compte pas... Qui est-ce que j'essaie de rassurer, exactement?