il ne parle jamais de sa vie ❖ il n'aime que le café noir ❖ il ne dort que très peu depuis la mort de sa femme et quand il dort cela n'a rien de reposant ❖ il est incapable de tolérer le feu, c'est une phobie, une peur ancrée en lui depuis la tragédie ❖ il sait mentir, il en use ❖ il aime que les gens lui obéissent, les voir sombrer, tomber ❖ il semble toujours calme et complètement indifférent ❖ il ne se détache pas de son alliance ❖ il ne ressent plus la moindre attirance pour qui que ce soit depuis la mort de sa femme ❖ le sang de lui fait aucun effet, ni les scènes de crime ❖ il trame des affaires pas nets, il connait la ville comme le fond de sa poche et tout ce qui s'y trame ❖ il se fait de l'argent en donnant des pistes, en changeant des papiers d'enquêtes, il a besoin de cette adrénaline pour survivre ❖ il adore la moto ❖ il ne fait confiance à qui que ce soit ❖ il n'aime pas les enfants ❖ il est incapable de tomber amoureux à nouveau ou il ne le désir simplement pas ❖ il n'aime pas attendre ❖ il a des marques de brûlures sur le dos.

que pensez-vous de la légende? y croyez-vous? ce n'est qu'une connerie comme une autre. je n'y crois pas et je pense que c'est simplement pour attirer les gens ici. les femmes. elles sont dingues avec leur façon de voir l'amour. autant arrêter de penser comme des enfants. puis l'amour ce n'est que se mener à sa propre perte, cette folle n'a rien inventé. parlez-nous de votre vie sentimentale, de manière générale. je n'ai réellement pas envie d'en parler. je ne crois pas en l'amour. j'use des femmes pour passer un peu le temps, mais elle me semble largement fades. quelques aventures sans réellement d'importance, mais j'ai autre chose à faire que de me prendre la tête avec elles. je préfère mon boulot. je préfère ma solitude et mon verre de whisky. êtes-vous plus du genre fétard ou flemmard? aucun des choix suivant. j'aime le whisky, mais ca ne fait pas de moi un fêtard. je ne fais pas la fête, je suis plutôt solitaire en fait. je ne suis pas flemmard, je passe la majeure partie de mon temps au boulot. je suis loin d'attendre que le temps passe sans rien faire. voir des couples heureux, ça vous fait quoi? ca me fait penser que tout fini par se briser un jour ou l'autre. l'amour ca ne dure qu'un temps et sa fini par se briser, par s'évaporer comme n'importe quoi. tout fini par se perdre, par se détruire, les sentiments ne font pas exceptions à cette règle. pensez-vous que la malédiction à joué sur votre vie sentimentale? je ne pense pas non, parce que je n'étais pas ici avant. je suis arrivé il y a quelques mois et je ne pense pas que ca aurait joué sur quoi que ce soit. ce n'est qu'un tas de connerie. une veille folle incapable de satisfaire son mari.

✩ good to know you

I'm so sorry. I can't do anything. I can't do nothing. 30 ans

Le crépitement du feu lui donnait froid dans le dos, lui faisait débattre le coeur, brisant ses côtes sous les coups trop prenants. Elle était là, de l'autre côté de la porte. Il était là, incapable de faire quoi que ce soit pour la sortir de l'horreur. La chaleur était étouffante, brûlant la moindre parcelle de sa peau encore visible, s'infiltrant dans ses poumons, lui coupant le souffle, l'incapacitant simplement. Ses cris lui fendaient le coeur. Elle était littéralement en train de se désagréger, de mourir, de brûler pratiquement sous ses yeux. Sa gorge se ployait sous des notes qu'il ne lui pensait pas humainement capable d'atteindre. Elle se mourrait. Sa douce. Sa raison de vivre. Celle qui l'avait tiré de sa torpeur. La chaleur était trop prenante, la fumée lui brûlait la gorge. Écroulé contre le sol, il peinait à ouvrir les yeux, proche de cette inconscience qu'il aurait préférée à cette torture. Celle de ne pouvoir rien faire. Celle d'être impuissant, incapable. Sa femme était de l'autre côté de la porte, derrière les quelques mètres de débris en feu, derrière les quelques trous béants qui ornaient leur plancher en bois. Sa souffrance était audible, palpable. Il pouvait presque sentir chaque muscle se tordre sous la douleur, se briser, fondre.

Le souffle lui manqua, il ne fit que s'écraser de plus belle contre le sol. Trop tard. Encore une fois il était arrivé trop tard. Son travail était prenant, il rentrait souvent tard à la maison. Si pas le passé il vouait une haine acharnée pour venir à bout des criminels, c'est toute autre chose maintenant. Sa femme. La seule qui était arrivée à le sortir de ce gouffre profond dans lequel il était perdu, dans cette haine viscérale qui le détruisait lentement de l'intérieur. Elle avait été cette petite lumière, cette petite part de bonheur dont il avait tellement besoin. Son père, trop fou pour savoir élevé un fils et une mère absente, une mère tuer sans raison. Un goût de vengeance, d'amertume dans le creux de la gorge. Une folie plus que passagère dans la tête de son paternel, folie qui lui avait partagé. Il n'avait su que lui montrer ce chemin, le chemin de la vengeance, le chemin de la violence. Elle l'avait sauvé, pour quelques années, pour quelque temps. Il rêvait d'elle. Oubliant, dans cette inconscience non naturelle, dans cette maison en train de s'effondrer sur leurs corps bouillants. La voix de sa femme n'était plus, surement trop lasse de crier, surement trop morte pour se faire entendre. Mourir avec elle était surement la plus belle alternative, faute de n'avoir pu la sauver. Faute d'avoir sauvé tellement de gens futiles à sa vie, mais inapte à conserver la seule qui lui importait vraiment. Évaporé. Perdu dans un autre monde où il ne serait malheureusement pas. Condamné à la ville. Sans elle.

why i'm still here. where are you my love? 30 ans

La douleur se faisait ressentir dans son corps, faisant douloureusement craquer ses os. Ses yeux semblaient lui brûler et dans le fond de son crâne était marqué les cris d'effrois de sa femme. En trame de fond, dans son esprit, dans la moindre de ses pensées et dans ses rêves. Ses yeux s'ouvrirent pour la première fois, des mois de coma, d'inconscience où il ne faisait que revivre la même scène en boucle. Le silence en trame de son. La noirceur d'une salle complètement exclue des autres. Ses membres étaient engourdis après des mois de sommeil. Ses iris lui brûlaient malgré le noir qui planait dans la pièce, il y voyait encore des flammes, des couleurs trop vive. La solitude. Elle n'était plus là et malgré la scène gravée en lui, il n'arrivait simplement pas à le réaliser.

La panique le gagna. Son coeur se mit à battre à tout rompre dans son torse et il tenta de se lever. Ce ne fut qu'un échec. Que son corps qui vint se percuter contre le sol froid, le sol glacial. Ses membres étaient bien trop endormis pour vouloir faire le moindre mouvement. Il peinait à bouger quoi que ce soit. La rage. La peine. La peur. Cette envie de mourir avec elle qui le hantait encore, qui le troublait. Le russe ne pouvait rien faire d'autre que de s'échouer lamentablement contre le sol. Là ou dans leur maison en train de s'écrouler sur eux. Contre le sol alors que la femme de sa vie était en train de brûle vivante. Sa gorge se noua. Le souffla lui manqua et les larmes vinrent rapidement lui monter aux yeux. Son front écraser contre le sol, il ne pouvait faire autre chose, que de pleurer, que de se rendre compte de cette foutue réalité qu'il n'avait pas la moindre envie d'accepter. Cette réalité qui allait le rendre fou, le faire tomber dans le chemin qu'il connaissait trop bien. Ce petit germe implanté en lui par son père. Cette folie qu'il avait connue pendant des années. Tenter de vivre. De survivre.

burn in hell. 33 ans

Quatre ans. Quatre foutues années qu'il était dans cette ville. Après avoir pu se déplacer à nouveau, après quelques séances pour lui venir en aide, il avait simplement sombré dans une dépression. Sévère. Le mal le gagnait de plus en plus. La vie éphémère. Le temps trop long. La lassitude qui lui roulait simplement en bouche. Il ne ressentait plus rien. Qu'un cadavre ambulant. Qu'un tas de chair sans âme. C'est exactement ce qu'il était. Changer de vie. Se perdre dans des vices qu'il ne devrait pas avoir pour un homme de son métier, de son rang. Le russe se plaisait à tenter les limites, à le tester. Se rendre toujours un peu plus loin, ressentir cette légère adrénaline qui lui donnait l'impression de vivre quelques instants, de ressentir. La pitié ne faisait plus partie de lui. Sauver les victimes ne l'intéressait que guère. Plus maintenant. À quoi bon sauver qui que ce soit alors qu'il n'avait rien pu faire pour la seule personne à qui il tenait. Ce que Nicholas voulait, c'est jouer de ses atouts, se surpasser, se sentir en vie, à sa manière.

Il prit une longue rasade de son whisky, lassant simplement le liquide couler lentement le long de sa gorge, lui laissant cette impression de brûlure le prendre doucement, cette chaleur qu'il ressentait que trop souvent. L'alcool. Son ami. Son amante la plus fidèle. Les femmes ne l'attiraient plus. Il se perdait dans une solitude à même de rendre fou qui que ce soit. Refuser les avances. Refuser les approches. Rien pour lui plaire. Rien pour le faire réagir. Les frissons ne prenaient plus jamais place contre sa peau, peu importe l'acharnement d'une jolie femme contre lui, tentant de le faire réagir. Dans cette ville, il n'était rien. Personne n'avait la moindre idée de qu'il était vraiment. Un russe. Un homme qui faisait son boulot et qui n'adressait pas la parole à qui que ce soit. C'était lui. Hors de question que qui que ce soit en apprenne plus. Il prit son verre pour le finir en un coup, le laissant retomber simplement contre la table en bois. Dans le fond du bar, il se faisait pensif, il se faisait perplexe. Nicholas traînait dans des affaires pas nettes. Drogue. Pistes. Falsification de documents. Il en savait beaucoup et jouait que trop souvent de son statut. Sa façon de vivre encore un peu. Il leva les yeux, laissant son regarde s'accrocher sur la silhouette filigrane de la serveuse. Elle se pencha. Il la lorgna sans intérêt. Elle lui sourit. Il ne fit rien. C'est quand elle sortit du feu pour allumer la chandelle qui se trouvait devant lui que son corps se crispa, que ses muscles se tendirent. La seule foutue chose qui le mettait hors de lui. Sa main se leva brusquement pour attraper son poignet. Il avait une horreur du feu. Une peur qui ne se contrôlait plus. Sa voix se fit ferme. Surement un peu trop. « Je n'ai besoin de rien, merci.» La demoiselle se crispa sous la force qu'il déployait contre son poignet. Elle bégaya sous la douleur, il la relâcha et elle s'enfuit. Il était mort.